samedi 9 janvier 2010

8 janvier

Toujours coincé à Essaouira... Coincé parce que j'attends le coup de fil de Julien qui se propose de m'emmener jusqu'à Dakar. Ce n'était pas prévu mais je n'ai rien contre le fait d'aller faire un petit tour au Sénégal. Il doit me contacter dés qu'il est sur Marrakech, malheureusement pour l'instant pas de coup de fil... donc j'attends.
La matinée est pluvieuse, je reste dans ma chambre agrippé à ma guitare.
Quand le soleil se montre enfin, je décide d'aller faire un tour vers le nord de la ville. Je traverse la médina et en même pas 50 métres je découvre un  autre visage d'Essaouira : une décharge à ciel ouvert qui s'étend tout le long de la plage. Il y a des habitations, des gens qui font de la récup' , des gamins qui jouent et bizarrement aucun touriste! Enfin, à part moi quoi...
Pour atteindre la plage je suis obligé de passer au milieu des détritus, l'odeur est vraiment infecte, un million de fois pire que celle des tanneries à Marrakech!
Je longe la plage avec l'espoir de trouver un accés à la ville qui m'évite de repasser au milieu de l'immondice. J'étais parti pour piqueniquer mais j'ai moins faim tout à coup, peut-être plus tard...
Dans l'eau il y a deux tanneurs justement qui frappent les peaux comme des malades.
Un peu plus loin deux gamins viennent à ma rencontre. Ahmed et Camel, ils ont entre huit et dix ans.
"M'sieur, donnes-nous des dirhams"
J'ai adopté le principe de ne donner aucun dirham sans contre-partie. Si on me rend un service (un vrai!) je veux bien mais là il n'en est pas question et encore moins à des gamins, histoire de ne pas entretenir les mauvaises habitudes. Par contre, j'ai fait le plein de stylos à Zagora. Quand je leur donne il sont à fond!
Mais passée la minute d'euphorie, il demandent des cahiers... et oui, et aprés ce sera la table? les chaises? le tableau? De toute façon j'en ai pas. Ahmed me mime qu'il va se faire frapper par son professeur s'il n'a pas de cahier, il fait semblant de pleurer en en faisant des caisses, le sourire aux lévres.
Ils me suivent un moment comme ça.
Finalement, voyant qu'ils ne lâcheront pas l'affaire, je fais ce bon vieux coup qui a fait ses preuves : je profite du cri etrange d'une mouette (cri dont elles seules ont le secret!) pour lui dire :"Ah, on t'as appellé je crois!" Je sais, c'est pas bien, il ne faut pas mentir aux enfants! Mais bon c'est pas comme si je lui avais dit qu'il existe un gros monsieur barbu qui donne des cadeaux à tous les enfants de la terre en une nuit ou une souris qui fait du trafic de dents la nuit sous les oreillers...Et bien contre toute attente ça marche, du moins le temps de me laisser une avance confortable.
AAAAh, enfin seul! Je peux m'abandonner à la contemplation de ce magnifique panorama : le ciel, les mouettes, la ville au loin et la merde tout prêt.
Heureusement, je vois le bout du bout, je vais enfin pouvoir revenir vers la civilisation sans avoir recours à l'apnée.
Depuis un petit moment je vois un gars qui longe la plage comme moi, j'avais pas fait trop gaffe mais j'ai bien vu qu'il s'arrétait quand je m'arrétais et repartait comme par hasard, en même temps que moi.
A ce moment-là il n'est vraiment pas loin, et pour la deuxiéme fois depuis que je suis au Maroc (la premiére c'était à Ouarzazate) je le sens pas du tout mais alors pas du tout. Il a une tête qui m'inspire pas du tout confiance et je sens qu'il vient vers moi. Donc, l'air de rien je me dirige vers deux gars qui sont un peu plus loin, je les salue en regardant discrétement l'autre qui continue à s'approcher. Mouaif... je tourne d'un coup et me dirige vers la ville. Je marche un petit moment comme ça, je regarde derriére : Il est toujours là!!! Un bâton à la main (?) Mais là j'ai vraiment changé de direction, donc j'ai la confirmation qu'il me suit. Etrangement, je n'envisage pas une seconde de lui demander ce qu'il veut...
Je continue sans m'arreter et rejoins le premier endroit que je croise où il y a de l'animation : un petit marché. Je le vois s'arréter puis faire demi-tour.
J'en profite pour me ravitailler en mandarines et je pars manger sur la plage, celle des touristes, toute propre et où les gens ne tiennent pas des bâtons à la main.
Ensuite, je passe le temps...thé à la menthe, cyber café, guitare, thé à la menthe...
Le soir j'innove, je tente de faire chauffer mes saucisses dans mon petit réchauds, ma foi il est payé, faut bien l'amortir! Et bien ça marche pas mal, j'enfume un peu ma chambre mais bon, au moins j'aurais mangé chaud, ça faisait 2 jours!

4 commentaires:

  1. un proverbe arabe dit
    "Si tu veux que quelqu'un n'existe plus, cesse de le regarder."
    Alors cesse de regarder les hommes avec des batons :)

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  2. j'ai affiché sur mon ordi 3 températures : il fait à 13 h 50.
    un petit carré gris clair cavaillon 0°un petit carré gris foncé montréal -14°
    un petit carré bleu avec un gros soleil
    Essaouira 8°. nous suivons avec beaucoup d'intérêt ton voyage continues de nous faire rêver et surtout continues de te méfier
    grosses bises maman

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  3. C'est pas avec ton Kiri et tes mandarines que tu vas gagner le concours de gastro. Allé lâche toi, bouffe n'importe, nous ça va bien nous amuser et toi tu vas exploser tes papilles.

    Dans les longs trajets en bus fonce sur les stand de bouf et commande un bon tajine... la viande est de toute fraicheur.

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  4. A Essaouira, tu peux trouver des bons plans "bouffe" pour pas cher. le soir, à peu près en face de la Wafa banque de médina, harira et galettes pour ... presque rien ou acheter un sac de sardines que tu feras cuisiner dans une petite échoppe après le souk aux légumes (médina)et le choix de petits restos "berbères" pour déguster tagines, lentilles ... baraka !!!!jeanne marie

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