mercredi 27 janvier 2010

22 janvier

A peine arrivé, on me sert un grand café au lait avec un demi-pain et du beurre. Thierno m'annonce qu'ils ont décidé de partir demain matin histoire qu'on passe plus de temps ensemble.
Comme hier, l'occupation principale est le squattage des coussins, le buvage de thé et la rigolade. C'est fou ce qu'ils aiment rigoler, il se passe pas 5 minutes sans qu'il y ait un fou-rire.
On part faire un petit tour de l'autre coté, ils veulent me montrer les rives du fleuve. En chemin, on voit beaucoup de maisons qui semblent abandonnées. On m'explique qu'en fait les gens font construire un peu dés qu'ils ont de l'argent et attendent d'en regagner pour continuer les travaux. La maison à coté de la famille est aussi en travaux, c'est un terrain qui leur appartenait et avec l'argent de la vente ils ont pu faire de nouvelles piéces. Il reste encore deux chambres me dit Thierno, dont la sienne.
Que ce soit au Maroc, en Mauritanie ou ici au Sénégal, je suis à chaque fois impressionné par les masses de détritus qu'il y a partout. Les gens jettent tout par terre. Moi, qui me suis fixé de ne rien jeter, c'est parfois difficile de se retenir au milieu d'une décharge... Là, pour la premiére fois, je vois l'utilité à tout ça. Thierno et Omar m'expliquent qu'ils font les fondations des maisons et aprés ils bourrent avec les détritus, essentiellement du plastique, avant de faire le sol et les murs. "Ici, on fait avec ce qu'on a, y'a pas de sous"
A midi on mange du "mafé", je me régale comme rarement, c'est vraiment trés bon!!
Aprés le repas, Djiby (le cousin) me dit trés sérieusement :
"Stephane, va faire tes ablutions, on va te chercher un tapis et tu va prier."
"euh... je suis pas musulman moi..."
Il éclate de rire, c'était une boutade, ca me rassure j'ai été mal à l'aise pendant une seconde...
Ensuite il me demande ma religion.
"Je suis catholique" dis-je avec le plus de conviction possible...
Lui : " Mais tu es pratiquant?"
Moi : "euh... non non!"
Lui : "et tu ne va jamais a l'église?"
Moi : " si, pour les mariages, les baptemes, les enterrements..."
Lui : " et dans ta famille des gens sont deja alle a Rome quand même"
Moi : "J'ai de la famille italienne, donc..."
Lui : " et tu ne prie pas Dieu alors?"
Moi, timidement : " ben...non...euh..."
Il reste silencieux un moment, il réfléchit et me dit vaiment trés perplexe :
" c'est difficile a comprendre."
On rentre pour boire le thé.
On est nombreux dans la petite piéce. Tout a coup Baaba prend la parole et tout le monde se tait. Je sens que la discution est grave et solennelle, je me sens mal, d'autant que je suis assis en plein milieu. Ensuite c'est Djiby qui prend la parole un moment sur le même ton trés serieux, puis la tante etc...
 Dés que l'occasion se presente, je m'échappe et je file sur internet quelques heures.
Comme tous les cybers du quartier sont fermés (les horaires sont trés aleatoires...) je me retrouve de l'autre coté du pont dans le quartier touristique. Je me fait alpaguer par un vendeur à deux balles en arrivant, il m'attend à la sortie!!! Prise de tête habituelle, je suis obligé de m'énerver pour que lui et son pote me lâchent... j'avais perdu l'habitude, que c'est chiant!!!
Quand je rentre, Thierno m'explique que la discussion n'avait rien de grave, " c'est juste pour le mieux vivre ensemble, si tu parlais mieux Pulaar tu aurais pu prendre la parole aussi, on t'aurait écouté."
Aprés mangé, pour la derniére soirée de la soeur du Fouta qui est là : c'est la fête. Donc, là c'est chansons sur chansons jusqu'a 3h30. Ils s'arrétent plus, et les fou-rires sont et boucle. Fatouba decide de m'apprendre quelques pas...ridicule... Avec Pierre on avait inventé la danse du Gogoth il y a 10 ans sur une plage de Guinée... J'ai pas fait de progrés depuis! Deja qu'ils aiment rire, alors là c'est l'hystérie, j'ai failli en tuer 2 ou 3 avec mes déhanchés devastateurs. Par contre les autres, comment ils assurent ma parole!!! En particulier le cousin de Thierno, qui se léve de temps en temps et envoi des pas de la mort. A chaque fois que quelqu'un danse c'est comme un sketch, il fait le pitre et les autres pleurent de rire!
Finalement il est l'heure de rentrer. Mes deux amis me raménent à l'hotel. L'ambiance est lourde. Omar qui est toujours souriant tire une tronche pas possible, je lui demande si ca va. Il me reponds : "Je suis triste"
Putain, il va me faire chialer ce con!  C'est clair que je suis dégouté aussi, c'est passé trop vite, on a juste eu le temps de faire connaissance. Thierno me dit : "de toute facon, on est ensemble maintenant, c'est pour la vie"
Depuis j'arréte pas de gamberger pour trouver le moyen de les aider à mon tour du mieux possible sans que ça passe pour de l'aumône ou un paiement pour service rendu.
Je gamberge, je gamberge...

4 commentaires:

  1. très émouvant....
    si tu fais quelque chose pour eux
    nous aimerions aussi participer.
    sans les connaitre je les aime.

    bisous maman et Claude

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  2. Extra;C'est exactement comme celà que je conçoie les voyages, la rencontre avec les gens. Quelle chance tu as de pouvoir partager de tels moments.
    Bises Sylvie

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  3. C'est quoi ces conneries là? Depuis quand tu ne pries pas?
    Va peut être falloir te ressaisir un peu !

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