samedi 30 janvier 2010

29 janvier

Il était temps que je m'en soucie : c'est à bamako que je dois faire faire mon visa pour le Burkina Faso.
Je héle le premier taxi qui passe, direction le quartier ministériel.
Sur la route, à un carrefour, une voiture arrive sur notre droite, le gars dit quelque chose à mon chauffeur, ils rigolent tous les deux et on le laisse passer devant. Il me dit que l'autre s'appellait "je sais plus comment" et que lui s'appelle "je sais plus comment non plus" et qu'il y a des hierarchies donc l'autre devait passer devant. il finit en me disant : "ici on a pas d'argent mais on a le respect."
On passe devant un grand bâtiment en construction, il m'explique que c'est un hotel mais que faute de moyens c'est Kadhafi qui a repris les travaux en embauchant des chinois. Je lui dis que j'ai vu trés peu de chinois ici, il pousse un petit cri aigu, "héééé? des chinois y'en a partout, ils travaillent beaucoup beaucoup, c'est pour ça qu'il font de l'argent!!".
Il me pose devant l'ambassade du Burkina. Le quartier est jonché d'édifices institutionnels mais il n'y a pas encore de goudron, les rues sont trés larges et il n'y a aucune habitation. Donc, chose rare ici, il y a trés peu de gens dans les rues...
Le gars à l'entrée me demande mon passeport: "Vous voulez venir au Burkina faso? c'est facile pour vous! et moi si je veux venir on fait comment? On me demande ceci, cela, c'est compliqué!!"
"euh... oui... euh..."
"Vous m'invitez chez vous?"
"euh...oui...euh..."
"Bon, allez-y ah, premier bureau à gauche!"
Je rempli mes formulaires, laisse les photos, les 48 euros (quand même!!!). Rendez-vous à 15h30.
En sortant je croise un jeune handicapé qui implore le type de l'entrée, je ne sais pas de quoi...
J'arrive à l'angle de la rue quand il me rattrape sur son vélo aménagé pour pédaler à la main.
Il me dit bonjour et m'explique qu'il est burkinabé, on lui a volé ses papiers. Il est venu au Mali pensant trouver du travail mais il n'y a rien. Il me dit qu'on lui demande 2900 Fcfa pour refaire ses papiers qui lui permettraient de rentrer chez lui. J'ai le reflexe de dire que j'ai rien, comme d'hab... je fais trois pas et puis merde!!! Je lui tends un billet de 2000. Quand il le voit ses yeux s'illuminent, "Merci, c'est vraiment beaucoup!!!" Il me dit qu'il repart directement à l'ambassade "Quand ils vont voir que j'ai déja tout ça, ils vont peut-être faire un effort!" et il repart à fond les manivelles.
Je fais le calcul : je lui ai donné 3 euros!!
Ca va être trés dur de ne pas donner...
Je retourne en ville à pieds, je marche je marche je marche et je retourne au même petit resto en taule du premier jour. Là, on me sert du tika dégué, du riz blanc avec une sauce à l'arachide, c'est trés bon cette fois!!
Par contre, les femmes qui travaillent ici n'ont pas changé, elles ont l'air triste, ça contraste avec la plupart des gens d'ici qui rient en permanence!
Je récupére mon passeport sans probléme, et je rentre à l'hotel, à pieds come les braves. J'arrive là-bas à 17h, épuisé, transpirant et assoiffé! En arrivant, un des emplyés me dit : "bonjour Stephane, tu as bien marché aujourd'hui!"
"Comment tu sais que j'ai marché?"
"Et bien, ça se voit!!!" et il rigole...Ok, je vais prendre une douche!



28 janvier

Je me léves à 8 h 00, il faut dire que le dortoir, même s'il n'est pas trés grand, ne favorise pas la grasse matinée.
Hier soir, un grenoblois et un nantais sont arrivés en voiture, ils sont trés sympas mais pas trés discrets. Et puis le nantais est du genre raleur, il arrête pas de dire "fais chier" toutes les dix secondes. "Fait chaud, fais chier", "j'arrive pas à mettre la moustiquaire, fais chier!" "oulaaa, on entend beaucoup les voitures, merde ça fais chier!!" Il a pas arrété, à coté de ça il est vraiment rigolo donc ça passe bien...
Fidéle à ma réputation, je me lêves quand même en dernier, Michael est en pleine discussion avec deux vieux allemands dont l'un vient de la même petite ville que lui, le monde est petit.
Moi je retourrne en face au café Damu pour prendre mon petit déj, histoire d'être en dehors du foyer et d'observer la ville.
Hier matin, on a eu droit à un petit sachet de nescafé pour deux, là c'est la classe, j'en ai un pour moi tout seul et comble de luxe : un fond de confiture à la fraise!
Ousmane qui tient de temps en temps le café (à chaque fois que je me tourne c'est une personne différente!)me tient compagnie.
Il est griot, son nom d'artiste c'est "Oumantra", la contraction de Ousmane traoré.
Quand je lui dit que je compte changer d'hébergement il m'en propose une dizaine juste à coté mais moi justement je veux pas rester à coté, je veux aller au calme, loin du coin à touristes où tous les gratteurs se donnent rendez-vous et aussi pour enfin reprendre contact avec ma guitare que je n'ai pas touchée depuis une semaine. Michael a repéré à coté de l'ambassade allemande un hotel qui fait également dortoir pour le même prix, au calme, ombragé, wifi et surtout trés propre. Il faut dire qu'ici il y a des rats énormes qui se baladent partout.
Quand mon ami allemand me rejoint il m'annonce qu'il va rester ici, il doit partir à Djenné aprés-demain et la station de bus est à coté. Une fois mon bagage fait, je saute dans un taxi et je me rend dans le quartier de Badalabougou juste aprés le pont des martyrs qui enjambe le fleuve Niger.
En effet, c'est tel qu'il me l'avait décrit, ça fait vraiment vacances pour le coup. Bon, c'est tenu par des anglais et la clientéle est uniquement européenne mais bon, le personnel est local et tout le monde trés sympa.
En plus à la douche il y a de l'eau chaude...
Je me pose une petite heure et je pars réserver une chambre à l'hotel Mandé où nous passeront les trois premiéres nuits avec Cécile. Paradoxalement, l'hotel le plus cher de la ville est dans l'un des quartiers les plus pauvres : la cité Niger. Il appartient au footballeur Salif Keïta (à ne pas confondre avec le chanteur).
Je reserve mon bungalow pas loin de la superbe piscine, j'ai hâte de me baigner parce qu'il fait une chaleur écrasante (quelle chance vous avez d'être au frais, vraiment je vous envie :)) et je fais le trajet jusqu'à la ville à pied. Je dois marcher pas loin de 5 heures non stop.
Quand je rentre à l'hotel, le gérant me dit qu'ils vont tous voir un concert pas trés loin... franchement je suis claqué, je vais dormir.

vendredi 29 janvier 2010

Quelques photos...

 
  Thiérno :
  



Omar :
 



Nafi (Au premier plan) et Fatouba
  



Oumar :
    



Ibrahim dit "Ibou" (à droite) et un petit voisin

jeudi 28 janvier 2010

23 24 25 26 27 janvier

Bon, vous l'aurez compris, j'ai du mal à rattraper le retard pris sur le blog. Forcément, plus il se passe de choses, moins j'ai de temps pour aller sur internet... Donc pour résumer :

23 janvier :

Je me sens pas de squatter la maison  alors que Thiérno et Omar ne sont plus là, pourtant il a insisté pour que je fasse comme avant... Je compte bien y retourner mais dans la soirée.
Je passe des heures sur internet pour préparer la suite de mon voyage, je dois me rendre à Bamako et j'hésites à aller à Dakar pour prendre le train direct ou à passer par le nord, une région trés belle au bord du fleuve Sénégal, en avançant par étapes.
Au passage, je suis obligé de rendre hommage à Mouloud qui s'est pris la tête pour me trouver un guide sur le net (et oui, mon passage au Sénégal n'étant pas prévu, je n'ai pas de routard...) et donc, pour le remercier je me suis engagé à changer la musique de ce blog... J'espére que vous apprécierez la nouvelle!
Je passe la journée à me ballader en ville. Et aprés avoir acheté plein de fruits et deux énormes poissons 10 fois leur prix, je retourne à la "maison".
Là, on m'accueille avec des sourires, il y a des personnes que je ne connaissais pas, un cousin, un oncle qui dort dans un coin etc...
On mange comme d'habitude dans de grands plats. Ensuite, c'est thés et discussions. L'ambiance est tombée d'un cran, beaucoup sont deja repartis.
Baaba sort un carnet, un stylo. l'oncle que je ne connaissais pas va chercher un numero, ils discutent un moment. Finalement, Baaba me dit :
"Stephane, ça c'est le numero de Thierno Sall, c'est le frére de Thiérno Sambau ton ami. Il est à Dakar, quand tu arrives tu l'appelles et il s'occupera de toi"
Bon, j'avais décidé de passer par le nord le long du fleuve mais l'attention est tellement gentille que je me sens pas de décliner. Donc, ce sera Dakar dés lundi!

24 janvier

J'ai une journée à tuer, je prends mon temps, je fais des lessives, j'achéte enfin un portable débloqué (je devais le faire depuis Marrakech). Je contactes Thiérno Sall à Dakar et vers 19h je retourne à la maison.
Là c'est carrément tristou, j'ai raté les départs de Baaba, Fatouba, leur tante etc... En fait, il ne reste plus que Nafi, Adia et Oumar.
On regarde la série qui fait un tabac ici : "Vaidehi". Difficile de se retenir de rire, les doublages ont été faits pas les nuls c'est sûr!! et le montage!!! Bon, je me retiens, ils sont tous les trois à fond...
A la fin de Prison break je décide d'aller me coucher, demain j'ai de la route, mes affaires à préparer...
On se dit aurevoir, Adia puis Nafi me posent la même question : "tu ne nous oubliera pas hein?"
ooooh non!


25 26 et 27 janvier

A 8h30, je suis dans le taxi brousse en direction de Dakar. Toujours la même promiscuité, la chaleur, les siéges qui fracassent mes pauvres fesses. On arrive vers 13h00.
Je compte contacter Thiérno Sall aprés avoir pris mon billet de train, histoire de pas être totalement assisté. Je descends à la station des pompiers. La fille qui était dans la voiture me dit que je dois prendre un taxi pour aller à la gare. A peine ai-je mis mon sac sur les épaules qu'un gars me propose de m'emmener. Je lui répéte 3 fois "tu es taxi? je veux aller à la gare des trains". A chaque fois il répond "oui oui!".
M'ouaif, en tout cas on marche beaucoup, entre les taxis, les voitures, les vendeurs de toutes sortes. "Tu es taxi? tu es sûr?? on va à ta voiture là?" "oui oui, la gare pour Bamako". je le suis, ma foi, j'ai rien à perdre... On arrive dans une petite boutique où les tarifs "dakar/kirida", "dakar/bamako" etc. sont affichés. C'est carrément moins cher que tout ce que j'avais vu. Le gars me confirme que c'est bien le train. je lui demande sa carte, je regarde le ticket, ça a l'air sérieux donc je prends. Prochain départ : ce soir à 22h. temps estimé : 24h de trajet. Bon, sur le routard ils disent "pour les aventuriers de l'impossible". M'en fous ch'uis un déglingo, j'ai peur de rien! En fait, je me sens pas de squatter chez Thiérno que je ne connais pas et j'ai envie d'arréter de bouger pendant quelques temps comme ça je me consacre sur l'arrivée imminente de Cécile, dimanche!!! :))))
Le premier taxi qui passe refuse de m'emmener à Keur masar. Ah? serait-ce loin?
Le deuxiéme ne veut pas descendre en dessous de 10000 Fcfa! Et lui non? j'ai payé 5000 pour venir de Saint-louis... Pas moyen, il veut pas  faire moins et s'en va!...
Le troisiéme commence à 10000 lui aussi, je commence à me dire que ce doit être le prix, donc je fais descendre à 8000, pas moyen d'aller plus bas. Mais quand même, j'ai la présence d'esprit de regarder l'argent qu'il me reste... 7250 Fcfa... Il rale mais finalement accepte de m'emmener. Une fois qu'on est parti je lui demande : "C'est le prix pour les blancs que tu m'a fait là!" Il éclate de rire. Ok, au moins c'est clair!
Bon, c'est vrai que c'est loin quand même, on ressort de Dakar, on se tape des bouchons pas possible. Dés qu'on s'arréte y'a des nuées de vendeurs de tout et n'importe quoi qui nous assaillent. je décline tout le long, je me sens pas d'ignorer les gens. Quand un gamin insiste je lui dit : "je peux pas il m'a tout pris lui!" en montrant le chauffeur. Un peu plus loin, il achéte deux paquets de biscuits et m'en tend un.
Keur Masar est à quelques kilométres avant la ville, on dirait une petite bourgade grouillante comme partout ici. Il est 14h/14h30, il fait une chaleur terrible. J'appelle Thiérno qui me dit qu'il sera là dans 5 minutes. En fait, j'y vais juste pour le saluer puisque je repars dans la soirée. J'hésite à aller retirer avant qu'il n'arrive, je viens juste de repérer un distributeur, et puis je laisse tomber, je vais pas le faire attendre non plus.
il arrive en taxi et on part en taxi jusque chez lui. Merde, j'ai plus un radi!! Je m'excuse, il me dit qu'il n'y a pas de probléme... je me sens mal quand même!
Sa maison n'a rien  à voir avec celle de Saint-Louis. Ici, c'est un appart dans un petit batiment de 5 étages, dans une petite cité à l'écart, il n'y a aucune route, aucun trottoir. Il y a 2 femmes, un homme et plusieurs gamins. Une belle télé, quelques meubles, c'est pas pareil. Par contre l'accueil lui est le même, on me sert un thé, on m'apporte à manger, on discute un peu; Ensuite Thiérno me propose de m'allonger un peu, il m'accompagnera au "bus" dans la soirée. Et oui, c'est bien le bus que je prends... J'avais des doutes et bien c'est confirmé! c'est pas plus mal, le trajet annoncé est plus court et je me dit que les conditions seront peut-étre meilleures...que je suis naïf!
On prends un petit bus, puis un taxi. Je lui dit à chaque fois qu'il faut vraiment que je retire, et à chaque fois la même réponse : "il n'y a pas de probléme" C'est gentil mais que je me sens mal!!
En plus, je n'ai rien acheté pour le voyage, il me reste qu'un fond de fanta (à l'orange en plus, l'arnaque!) et quelques biscuits!
On arrive au lieu de rendez-vous à 20h00. Thiérno a l'air investi d'une mission et rien d'autre ne compte, il gére à fond, il doit me faire partir entier et dans les meilleures conditions possibles vers Bamako. il négocie les prix des bagages,  vérifie qu'ils sont bien embarqués, demande où il y a un distributeur. Malheureusement le gars de la compagnie lui dit que c'est trop loin, je n'aurais pas le temps d'y aller avant qu'on parte! merdeuuuu! Thiérno ne se démonte pas, il charge le jeune du bus qui va nous accompagner de m'aider à trouver un distributeur sur la route.
Dans la foule qui attends, je repére d'entrée un toubab au milieu. Sabine, à  Marrakech m'avait dit qu'il y avait une rêgle qui voulait que quand il y a deux blancs au milieu des noirs ils s'attirent comme deux aimants. J'avais échappé à cette régle jusqu'à présent mais là au bout de 10 minutes il vient engager la conversation.
Il est allemand, il habite à Pragues et est ici en "commande" pour une radio, il est journaliste. Sa conversation est trés agréable, il me présente un sénégalais qu'il vient de rencontrer qui a vécu 30 ans a bamako, il est DJ dans une radio et couturier à Dakar.
Une grosse heure plus tard, il est temps de partir, Thiérno m'explique comment ça se passe :
"Ils vont faire l'appel par ordre chronologique d'achat des billets. Les premiers prennent les meilleures places." Moi, j'ai pris mon billet en début d'aprés-midi et j'ai vu des gnes prendre le leur juste maintenant donc je suis confiant.
Il ajoute : "Le principal c'est que tu sois sur les cotés sinon au mileu tu va étre trés dérangé"... au milieu?...
L'appel commence et ...continue, continue... Mon nom arrive dans les cinq derniers! Je comprends ce qu'il voulait dire une fois monté. Toutes les places sont prises, il faut que je m'installe sur un petit strapontin dans le couloir.
Le car est à bloc, il y à même trop de gens, ils ont vendu plus de tickets que de places (je dois m'estimer heureux?...). Un des "recalés" fait un vrai scandale, il gueule comme un malade et on le sent bien vouloir en venir aux mains, vu comme il est taillé, tout le monde est trés diplomate avec lui!
On arrive enfin à partir, il est 11h.
Premiére impression : je vais pas tenir 36 heures comme ça, c'est pas possible!! Et oui, Pape (le DJ / couturier) qui a souvent fait le trajet nous a dit qu'il fallait compter plutôt 36 heures!
Probléme numero 1 : mon siége est penché vers la droite, j'ai mal au cul au bout de 5 minutes!
Probléme numero 2 : je ne peux pas appuyer ma tête, le siége est trop bas, comment on dort dans ces cas-là?
Probléme numero 3 : on est trés serrés de chaque coté!!
Probléme numero 4 : je n'ai pas d'eau!!! pas une goutte et il fait chaud, le sol chauffe en plus!
Je rêgle le premier probléme en compensant la "pente" avec ma polaire, c'est deja ça.
Les autres problémes deviennent de plus en plus dramatiques au fur et à mesure que le temps passe. Mon coussin "tour de cou" ne peut rien pour moi, il faut que je m'appuie, j'ai mal!
Le temps passe trés lentement, à chaque fois que je m'endors, ma tête tombe en avant et je me réveille en sursaut à cause de la douleur.
Finalement, vers 3 ou 4 h du matin, je tente de me mettre par terre dans le tout petit espace qu'il y a entre mon strapontin et celui de devant, je suis à genou, le cul en l'air, les bras sur le siége et la tête écrasée à la verticale contre le dossier. M'en fous, au moins je peux détendre tous mes muscles en même temps pendant quelques heures...
Tout à coup je suis réveillé par un enorme sac qui me tombe sur la nuque! Je tente de le remettre en place mais il est vraiment trop gros.je suis obligé de réveiller la moitié du bus pour savoir à qui il appartient et lui donner, c'est pas à moi de me faire c... avec ça. Il appartient à un jeune devant sur la droite. Mon voisin de devant essaye de mettre le sac en place : pas possible. Le voisin du propriétaire essaye : pas possible. le propriétaire essaye et lui bien sûr il le fait tenir par miracle, à l'arrache.
Je lui dit qu'il va retomber, d'enlever un truc dedans et de le caler mieux. Il m'écoute pas ou ne comprends pas... grrrr .
Bien entendu je me fais re réveiller par le sac sur ma nuque une demi-heure plus tard! Je te me lui balance à la gueule son sac!! Il s'écrase la tête contre la vitre et finalement le mets à ses pieds, le lourd!!!
J'essaye de ne pas penser à la soif qui commence à sérieusement me tenailler.
J'ai dû faire plein de mini siestes parceque le jour arrive assez vite en fin de compte. Je reprends vite une position décente avant que mes voisins ne se réveillent et j'attends avec impatience l'arrêt du petit déjeuner où je pourrais retirer et boire, boire, boire...
La ville prévue pour l'arrêt est Tamba, on y passe sans même freiner, je vois les distributeurs défiler! Tout le monde s'énerve, les deux vieux à coté de moi crient sur le chauffeur qu'il faut sarréter! Il les regarde dans son retro, impassible et continue sa route.
On roule encore une bonne heure avant le prochain arrêt.
Les gens descendent pour pisser, moi j'ai pas envie, j'ai soif!
Il n'y a rien c'est un village de cases en terre, pas l'ombre d'un distributeur; de toute façon l'arrêt dure pas plus de 15 minutes.
On repart, la chaleur du jour vient nous rappeler qu'elle est bien pire que celle de la nuit! Vers 11h on s'arréte à la frontiére, on laisse nos passeports et nos cartes d'identité et le jeune que Thiérno avait chargé de me trouver un distributeur vient me chercher. Enfin!!
On arrive à la banque. Là on me dit que c'est pas possible, mais de l'autre coté de la frontiére ce sera bon.
Le temps de recupérer toutes les piéces d'identités, de monter dans le bus et on passe au Mali. On traverse la ville d'une traite, on passe devant les banques et on va s'arréter au poste de douane Malien situé deux bons kilométres plus loin.
On dépose nos piéces d'identité et le jeune revient me chercher, là je peux pas y aller à pieds, donc on attends que quelqu'un passe et veuille bien m'emmener. Au bout de cinq minutes, un scooter m'embarque moyennant 500 Fcfa pour la course, payables biensur lorsque j'aurai retiré.  Le petit trajet sur le deux-roues est quand même bien venu, un peu d'air!
Une fois de plus, on me dit qu'il est impossible de retirer! J'en peux plus, j'ai soif!! De retour au poste de douane je demande s'il y a un robinet quelque part "ah non monsieur, il n'y a pas d'eau ici, il faut l'acheter!"
Je regarde les gens boire avec envie, j'ose pas demander et puis tant pis pour moi, j'assume! Au prochain arrêt ce sera bon!
2 heures plus tard on s'arréte et là je suis dans un état proche de la déshydratation avancée. N'en pouvant plus je demande à Michael (l'allemand) de me prêter 1000 Fcfa. Je me jettes sur la premiére boisson fraiche que je trouve : du fanta ! Je revis même s'il est encore à l'orange!!!
On arrive à kayes en milieu d'aprés-midi, le jeune vient à nouveau me chercher, on prend un taxi qui nous emméne de l'autre coté de la ville, et là enfin je peux retirer!
C'est ici aussi qu'on change de bus. Plus de strapontins!! je me cale au fond parceque l'écart avec le siége avant est plus grand et je peux prendre ma guitare sans qu'elle me géne trop.
J'arrive à dormir un peu.
Faire tant d'heures de bus, ça crée des liens, je connais la moitié des gens qui sont là, on échange à manger, on discute... je peux pas faire le portrait de tout le monde, il y en a trop... Le jeune avec son gros sac vient de Gambie pour aller jusqu'en Angola, il est gentil comme tout finalement. Les deux vieux à coté ont vécu 30 et 40 ans en France, l'un à Vannes l'autre en région parisienne, la fille à coté de moi part à Bamako pour la premiére fois avec sa soeur, un gars vient de charger sa moto Ténérife sur le toit, il a fait 5 jours de moto pratiquement sans s'arréter, il est épuisé. L'ambiance est vraiment trés sympa, je me sens bien!
Thiérno m'avait mis en garde avant de me laisser partir "il y a plein de voleurs, sois prudent" Je suis parti sur mes gardes, là il n'y a plus de soucis!
On arrive à bamako à 3h30 du matin. Plus tôt que prévu mais carrément trop tôt pour aller à l'hotel. Donc on s'installe avec Michael au bureau des bus et on attend. on sort la guitare, on joue, on nous sert des thés, c'est cool la vie quand même!
A 8h, aprés le petit dejeuner on s'installe dans le dortoir du "foyer des soeurs blanches" (bon elles sont noires les soeurs, mais habillées en blanc). Je me prends une douche salvatrice et je m'allonge juste quelques minutes, hitoire de décompresser... je me réveille 4 heures plus tard la tête dans l'c...
Je pars dans bamako un peu au pif, je mange dans un resto minuscule en taule ondulée, il y fait 70 degrés et la bouffe est franchement pas top, mais je suis à fond : je suis à Bamako!!!!!!
Je retrouve Michael le soir, on va se faire une bouffe au resto en face du foyer. Tenu par des français, clientéle française, espagnole,allemande... le repas est bon... la musique c'est du reggae, les maliens qui débarquent c'est des rastas, bref, on est à Zion, tout le monde est hy-pra cool! On s'attarde pas, c'est bon, à marseille y'en a partout des coins comme ça et puis il est bientôt 22 heures, c'est l'heure du couvre-feu on risque de se faire disputer par les bonnes soeurs!

mercredi 27 janvier 2010

22 janvier

A peine arrivé, on me sert un grand café au lait avec un demi-pain et du beurre. Thierno m'annonce qu'ils ont décidé de partir demain matin histoire qu'on passe plus de temps ensemble.
Comme hier, l'occupation principale est le squattage des coussins, le buvage de thé et la rigolade. C'est fou ce qu'ils aiment rigoler, il se passe pas 5 minutes sans qu'il y ait un fou-rire.
On part faire un petit tour de l'autre coté, ils veulent me montrer les rives du fleuve. En chemin, on voit beaucoup de maisons qui semblent abandonnées. On m'explique qu'en fait les gens font construire un peu dés qu'ils ont de l'argent et attendent d'en regagner pour continuer les travaux. La maison à coté de la famille est aussi en travaux, c'est un terrain qui leur appartenait et avec l'argent de la vente ils ont pu faire de nouvelles piéces. Il reste encore deux chambres me dit Thierno, dont la sienne.
Que ce soit au Maroc, en Mauritanie ou ici au Sénégal, je suis à chaque fois impressionné par les masses de détritus qu'il y a partout. Les gens jettent tout par terre. Moi, qui me suis fixé de ne rien jeter, c'est parfois difficile de se retenir au milieu d'une décharge... Là, pour la premiére fois, je vois l'utilité à tout ça. Thierno et Omar m'expliquent qu'ils font les fondations des maisons et aprés ils bourrent avec les détritus, essentiellement du plastique, avant de faire le sol et les murs. "Ici, on fait avec ce qu'on a, y'a pas de sous"
A midi on mange du "mafé", je me régale comme rarement, c'est vraiment trés bon!!
Aprés le repas, Djiby (le cousin) me dit trés sérieusement :
"Stephane, va faire tes ablutions, on va te chercher un tapis et tu va prier."
"euh... je suis pas musulman moi..."
Il éclate de rire, c'était une boutade, ca me rassure j'ai été mal à l'aise pendant une seconde...
Ensuite il me demande ma religion.
"Je suis catholique" dis-je avec le plus de conviction possible...
Lui : " Mais tu es pratiquant?"
Moi : "euh... non non!"
Lui : "et tu ne va jamais a l'église?"
Moi : " si, pour les mariages, les baptemes, les enterrements..."
Lui : " et dans ta famille des gens sont deja alle a Rome quand même"
Moi : "J'ai de la famille italienne, donc..."
Lui : " et tu ne prie pas Dieu alors?"
Moi, timidement : " ben...non...euh..."
Il reste silencieux un moment, il réfléchit et me dit vaiment trés perplexe :
" c'est difficile a comprendre."
On rentre pour boire le thé.
On est nombreux dans la petite piéce. Tout a coup Baaba prend la parole et tout le monde se tait. Je sens que la discution est grave et solennelle, je me sens mal, d'autant que je suis assis en plein milieu. Ensuite c'est Djiby qui prend la parole un moment sur le même ton trés serieux, puis la tante etc...
 Dés que l'occasion se presente, je m'échappe et je file sur internet quelques heures.
Comme tous les cybers du quartier sont fermés (les horaires sont trés aleatoires...) je me retrouve de l'autre coté du pont dans le quartier touristique. Je me fait alpaguer par un vendeur à deux balles en arrivant, il m'attend à la sortie!!! Prise de tête habituelle, je suis obligé de m'énerver pour que lui et son pote me lâchent... j'avais perdu l'habitude, que c'est chiant!!!
Quand je rentre, Thierno m'explique que la discussion n'avait rien de grave, " c'est juste pour le mieux vivre ensemble, si tu parlais mieux Pulaar tu aurais pu prendre la parole aussi, on t'aurait écouté."
Aprés mangé, pour la derniére soirée de la soeur du Fouta qui est là : c'est la fête. Donc, là c'est chansons sur chansons jusqu'a 3h30. Ils s'arrétent plus, et les fou-rires sont et boucle. Fatouba decide de m'apprendre quelques pas...ridicule... Avec Pierre on avait inventé la danse du Gogoth il y a 10 ans sur une plage de Guinée... J'ai pas fait de progrés depuis! Deja qu'ils aiment rire, alors là c'est l'hystérie, j'ai failli en tuer 2 ou 3 avec mes déhanchés devastateurs. Par contre les autres, comment ils assurent ma parole!!! En particulier le cousin de Thierno, qui se léve de temps en temps et envoi des pas de la mort. A chaque fois que quelqu'un danse c'est comme un sketch, il fait le pitre et les autres pleurent de rire!
Finalement il est l'heure de rentrer. Mes deux amis me raménent à l'hotel. L'ambiance est lourde. Omar qui est toujours souriant tire une tronche pas possible, je lui demande si ca va. Il me reponds : "Je suis triste"
Putain, il va me faire chialer ce con!  C'est clair que je suis dégouté aussi, c'est passé trop vite, on a juste eu le temps de faire connaissance. Thierno me dit : "de toute facon, on est ensemble maintenant, c'est pour la vie"
Depuis j'arréte pas de gamberger pour trouver le moyen de les aider à mon tour du mieux possible sans que ça passe pour de l'aumône ou un paiement pour service rendu.
Je gamberge, je gamberge...

dimanche 24 janvier 2010

21 janvier

J'ai promis hier soir d'etre la a 10 heures pour le bapteme. Thierno m'a prevenu que ce serait juste un repas assez sobre parce que la mere de l'enfant est en deuil, elle a perdu sa propre mere un mois auparavant. Dommage, c'aurait du etre une tres grande fete coloree, musicale et joyeuse...
Bien entendu je me perds en retournant a la maison, je suis pas tres loin quand meme et je tombe sur une des "soeurs" qui me conduit dans une maison. "rentre, Baaba est la". C'est le frere de Thierno et papa du petit qu'on baptise, il est installe dans un fauteuil avec plusieurs autres hommes en tenue de fete dont un vieux que l'on ecoute religieusement. Je salue tout le monde et lorsque j'arrive a lui, il me sort tous les mots d'usage. A part Salam aleykum et ca va, je ne connais pas encore les autres. Baaba vient a mon secours et me souffle ce que je dois repondre.
Il faut dire que le salut ici est un vrai rituel. On doit se serrer la main et on se demande comment ca va en plusieurs langues. Donc chaque question attend une reponse precise, en arabe, en francais, en pulaar, en wolof, soninke, bambara etc... Ca peut durer longtemps comme ca et il est inconcevable de ne pas repondre!
Ils reprennent leur conversation.
Au bout d'un moment, je commence a me sentir mal alors je me leve nature et je sors. Je croise Nafi qui me conduit jusqu'a la maison ou je retrouve Thierno, Omar, Djiby son neveu, ses soeurs etc... en train de petit dejeuner.
Je m'installe, on me sert du mil dans une assiette en plastique et apres Oumar, le "fils" de thierno nous sert le cafe.
C'est sa mission, il doit le faire pour chacun d'entre nous, le preparer, le servir et nous l'amener, trois fois par personne si possible. C'est lui aussi qui "met la table", c'est a dire qu'il amene la nappe ronde, passe le balais apres le repas. C'est aussi a lui qu'on demande de nous servir un verre ou de changer de chaine ou d'aller me chercher un coussin (parcequ'ils voient bien que parfois par terre, je suis pas super bien...). Les femmes aussi s'occupent de faire a manger et de mettre la table etc... Nous les hommes, on reste affales en attendant qu'on nous serve... C'est vraiment un tres beau pays!
On sort ensuite, on va chez le meilleur ami a Thierno. On rentre nature, le salue et on s'affale. On m'explique qu'ici c'est comme ca, les portes sont ouvertes, on entre, on s'installe, on blague et on part quand on veut.
Tout a coup, ils ont une idee, ils vont me montrer le sport national : la lutte! Moi, je croyais que c'etait le foot! "oui, aussi!"
Ils mettent une cassette avec plein de matchs enregistres a la tele. Des stades entiers en effervescence pour regarder ces combats qui sont tres courts finalement. Je regarde le pote a thierno chez qui nous sommes et je lui demande s'il fait de la lutte, il est tres costaud! Biensur qu'il en fait! Mais il est quand meme pas aussi monstrueux que les gars qui sont a l'ecran!
Lors d'un match a gros enjeu, un des membres du staff de l'un des combattants tombe par terre en convulsions. Thierno me dit que ce sont des "gris-gris", c'est l'emotion qui est trop forte. A la fin du combat, la camera s'attarde sur trois corps inanimes dans cette meme equipe : ils ont gagne, c'est l'emotion!
On retourne a la maison pour le repas, je retrouve mon ami le mouton... il est tres bon.
En effet, ce n'est pas l'explosion de joie, les gens discutent, blaguent mais aucun chant!
L'apres-midi passe comme ca, je ne me sens pas mal a l'aise parce que les gens ne me traitent pas comme un invite special. Ils ne sont pas plus attentionnes avec moi qu'avec les autres, mais pas moins non plus, ca parait tres naturel en fait... Et puis, il y a Omar aussi qui est un invite, c'est la premiere fois qu'il vient ici et il est vraiment nature donc je me dit que le mieux c'est de faire comme lui.
De temps en temps quelqu'un vient me parler pour savoir d'ou je viens, ou je vais etc... On me repete souvent qu'il faut que j'apprenne a parler pulaar. Oui bin, je suis la que depuis hier, on se calme...
Je discute longuement avec Djiby (un autre) qui est le cousin de Thierno. C'est un militaire et j'ai aucun mal a l'imaginer en tenue, il a tous les tics de langage des gens qui font autorite ici. Il est tres sympa, il m'explique tous les endroits qu'il faut voir au Senegal, il me raconte l'histoire des grands marabouts qui ont fait l'histoire de son peuple les "toucouleurs". Quand je lui demande ce que c'est un marabout : " c'est une sorte de magicien, non?" il explose de rire!! "Pas du tout, ce sont des guides spirituels. Si tu rentre dqns des maisons ci, tu verra dans chacune d'elles la photo d'un marabout, c'est celui que la famille a choisi."
Il me parle des chanteurs d'ici, Youssou N'dour biensur le plus connu mais surtout Baaba Maal, la voix haalpulaar.
Apres le repas du soir, une fois de plus delicieux, je retourne a mon hotel. Omar et Thierno devaient repartir demain a la premiere heure, ils ont decide de repousser jusqu'a l'apres-midi pour ne pas me laisser seul.
Thierno me dit : " si je pouvais je t'accompagnerai a Dakar mais ce boulot est trop important, ca fait 8 mois que je chome".

20 janvier

Je me léves à 7h, pas vraiment conquérant... je sais pas à quoi m'attendre! J'ai plus le choix, je dois passer par Rosso!
Je chope le premier taxi qui passe devant l'hotel et on se dirige vers la gare des grands taxis en direction du sud. Sur le chemin, une voiture avec deux hommes dedans essaye de venir à notre hauteur par la droite, sur le bas-coté. Ils m'interpellent : "Rosso?". Avant que je puisse répondre un oui naïf, le chauffeur leur dit non trés séchement et leur fait signe de la main de s'en aller. Ils reviennent deux ou trois fois à la charge avant de lâcher l'affaire. Je lui demande pourquoi il a dit non, moi ça m'arrangeait de partir le plus vite possible. Il me réponds que ce sont pas des vrais taxis, y'a de grandes chances qu'ils n'aillent même pas à Rosso, il me dit textuellement : "ce sont des assassins!" gloups...
Arrivés à la gare, on est assailli par cinq chauffeurs qui veulent remplir au plus vite pour partir. On est toujours pas garés que les négociations ont commencé, je sais que le prix est de 3000 Ouguiyas, donc ça va je peux me débrouiller et puis mon taxi m'aide à marchander, c'est sympa!
Je me retrouve devant le coffre d'un grand taxi et il y a là une dizaine de personnes qui s'affairent pour faire rentrer tous les bagages. Ils y a des gros sacs, plus gros que le mien, et un mouton empaqueté dans un grand sac plastique déja installé dans le coffre, vivant. Et on le bouge comme un sac, on essaye plein d'agencements différents. Finalement on change de taxi pour un coffre un peu plus grand. On fout le mouton au fond, mon sac contre lui et les autres sacs, un peu partout autour, ensuite on ferme le coffre en forçant un peu. bééééééééééé...
Nous voila donc partis, il y a deux femmes derriére avec moi et un jeune devant, le propriétaire du mouton. Il doit avoir beaucoup d'humour parcequ'à chaque fois qu'il dit un mot toute la voiture éclate de rire, moi biensûr je comprends rien et personne ne me calcule.
De toute façon, je suis en pleine gamberge, je me prépares psychologiquement. J'ai deux missions, la premiére c'est de changer les ouguiyas qu'il me reste au meilleur taux possible, histoire d'arréter de jeter l'argent par les fenétres et puis je dois passer ce p... de poste frontiére.
J'en ai tellement entendu : foule, vols, corruption... Je me suis même pas rasé depuis plusieurs jours histoire d'avoir un peu moins une tête de premier de la classe, déja que j'ai la coupe à Mason Capwell!
En plus, au bout d'une heure de trajet j'ai la fesse droite qui me fait horriblement mal, mon muscle compense le rebord du fauteuil et vue la corpulence de mes deux voisines, il m'est impossible de bouger d'un centimétre.
Aprés deux heures et demi et quelques postes de police plus tard, on arrive à Rosso. Le taxi me demande si je veux descendre ici, à l'entrée de la ville. "Ben... oui, pouquoi pas..."
Le garçon de devant m'adresse la parole pour la premiére fois et m'explique : "moi et les deux femmes on lui a donné 100 ouguiyas de plus pour qu'il nous emméne à la frontiére"
Moi : "Et bien je vais faire pareil"
Lui : "Tu va où?"
Moi : "A Dakar"
Lui : "les deux femmes là elles vont à Dakar, moi je vais à Saint-Louis"
Moi : "... ok..."
Lui : "Jet'invite chez moi à Saint-Louis, tu veux?"
Moi : "!!!"
Je l'avais pas vu arriver celle-là! Je suis un peu pris au dépourvu mais je réponds d'accord spontanément!
Il éclate de rire : "Tu me connais même pas et tu dis oui??"
Moi : "Si, je connais bien ton coté gauche maintenant, je le vois depuis deux heures"
On descends dans Rosso, il paye un gars pour qu'il nous suive avec le mouton en laisse et il m'emméne au fond d'un marché couvert ; "si tu as des ouguiyas il faut les changer ici, c'est le meilleur taux"
Trop bon, mission 1 accomplie!!
On fait quelques métres et là je lui demande son prenom : " Thiérno"
"Alors Thiérno, merci beaucoup!!" et je lui sers la main. Il sourit et me dit :
" Tu sais, c'est maintenant que ça commence vraiment!" et il me montre l'entrée du poste frontére en face du marché. Là, c'est une cohue hallucinante, il y a des gens partout et ça se bouscule, ça piaille, tout le monde veut entrer en même temps par la petite porte en haut des quelques marches de l'escalier.
On s'avance en file indienne, Thiérno me conseille de tenir on passeport fermement et de mettre mon argent dans une poche qui ferme avec une main dessus, il prend ma guitare sur son dos et tiens mon sac derriére moi pour que personne ne puisse y accéder, le gars avec le mouton est devant. On avance tant bien que mal dans la foule.
A quelques métres des marches Thiérno interpelle le gars qui fait rentrer les gens. L'autre lui fait un grand sourire et nous aide à passer à travers la foule.
A la porte il y a un douanier en tenue qui empéche les gens d'entrer.
Il laisse passer le gars avec le mouton sans probléme mais pour moi il ne veut pas, il tend le bras et me bloque le passage. Je suis poussé par les gens derriére qui veulent avancer, une femme à coté me crie dessus parce que je lui arrache le bras avec mon gros sac, quelqu'un s'appuie dessus de tout son poids, le pote à Thiérno me tire vers l'intérieur et le douanier me bloque. J'ai les jambes qui tremblent sous la pression.
Finalement le douanier me laisse entrer mais me demande mon passeport. Il part avec et me dit de le suivre.
Thiérno me dit qu'il garde mon sac. Je suis en roue libre, y'a une heure on s'était jamais adressé la parole et maintenant je lui laisse carrément mon sac...
On entre dans un grand bureau, le douanier me dit : "lui, c'est le grand chef!". euh...d'accord...
Celui-ci prend mon passeport, le feuillette, me jettes un oeil méprisant et le file à un autre qui s'en va.
Je le suis.
On entre dans le bureau d'à coté, beaucoup plus petit. Aux fenétres il y a des barreaux et des dizaines de bras qui tendent leur carte d'identité, c'est le brouhaha.
Au bout de cinq bonnes minutes, on me tend mon passeport, c'en est fini pour le coté mauritanien!
Je retrouve Thiérno à l'extérieur sur l'embarcadaire mais le bac n'est toujours pas revenu.
On attend quelques minutes quand il interpelle quelqu'un à nouveau. Le gars vient vers moi et me prends mon sac, ...euh... il me souris et dis  : "il n'y a pas de probléme".
Je porte carrément plus rien, thiérno a ma guitare et l'autre mon sac. Ils chargent les affaires et le mouton sur une pinasse, congédient le type qui le tenait et on monte à notre tour, pour traverser le fleuve Sénegal en direction de l'autre Rosso.
Le mouton pisse à deux centimétres de mon sac, je vois les éclaboussures, je me dis que c'est pas bien grave, va!...et puis il est assoiffé mais il n'arrive pas à atteindre l'eau, sa corde est trop courte. Je prends de l'eau dans ma main et lui mets à la bouche mais il tourne la tête, c'est con ces bestioles!!!
En chemin Thiérno me présente son ami : "Il s'appelle Omar, il travaille ici. Donnes-lui ton passeport"
Arrivés sur l'autre rive, Omar disparait avec mon passeport et la carte d'identité de Thiérno. Ce dernier achéte une bouteille de Sprite bien frais que l'on sirote dans des gobelets, assis sur nos bagages au milieu d'un bordel incroyable!
Cinq minutes plus tard, Omar revient avec les piéces d'identité : "C'est bon!"...
C'est bon?? c'était ça Rosso? AHAHAH trop facile! En même temps, si Thiérno n'avait pas été là, je serais toujours en train de chercher à faire le change!
On charge nos affaires sur une charrette tirée par un mulet, on file au trot soutenu, c'est sportif!! Le jeune qui conduit maintient le mouton ficelé à nos pieds en le plaquant au sol, un pied sur ses cornes.béééééééééé...
On attend une petite heure que notre taxi soit plein et on part. Au bout de 2 minutes, ma douleur à la fesse se revéille, et comme on est coincés tous les trois à l'arriére épaule contre épaule, c'est toujours impossible de bouger. La chaleur est monstrueuse. Sur le toit, on a re-empaqueté ce pauvre mouton dans un sac plastique, je me dis qu'au moins il a de l'air lui!
Thiérno m'explique qu'il cherche du travail sur Nouakchott, il a un entretien dimanche (!) mais il redescend pour féter le baptéme de son "fils" (en fait, son neveu), c'est pour ça qu'il se trimballe un mouton.
Omar est du voyage, Thiérno l'a aussi invité chez lui pour la fête, ils se connaissent depuis plus de dix ans à l'école coranique.
On arrive à Saint-Louis vers 16h. On prend un autre taxi pour faire les 500 m jusqu'à la maison.
Dans la piéce à vivre il y a 3 femmes assises. "Stephane, je te présente mes soeurs". 3 autres femmes entrent dans la piéce "je te présente mes soeurs". Une vieille passe la tête à l'intérieur "je te présente ma soeur"...
"Tu as combien de soeurs?" En fait, les femmes de ses fréres sont ses soeurs, ses cousines aussi etc...
On nous apporte un grand plat avec du riz, du poisson, je me rappelle pas le nom... Je regarde les autres faire et je copie. On envoie la main, on compresse et on mange, les souvenirs de Guinée affluent!
Aprés on se cale sur les matelas disposés tout autour de la piéce et on bois du thé servi trés chaud et à boire vite pour laisser le verre à un autre. On se mate un match de foot, les gens arrivent saluent tout le monde, s'installent puis repartent. Thiérno me dit : "Tu vois, c'est comme ça ici, on boit du thé, on reste calme. Aprés on ira faire un tour en ville si tu veux".
En debut de soirée, ils m'emménent de l'autre coté du pont dans le quartier plus touristique, je leur paye un coca chacun et moi je me prends un Flag. En sortant de chez Pascal et Muriel, la veille de mon départ, je m'étais dit que ma prochaine bére serait une Flag, c'est fait, mais j'aurai jamais pensé que ce serait au Sénégal!!
Au retour, on croise des tonnes d'amis à Thiérno, à chaque fois il sort blague sur blague de son air trés sérieux, ça marche à chaque fois, filles ou garçons tout le monde explose de rire, moi un peu moins vu que...
On retourne manger dans la petite salle cette fois. On est plus nombreux donc deux plats sont posés par terre, dés que j'ai le malheur d'arréter de macher une seconde y'a toujours quelqu'un pour me dire "mange!" ou "tu n'aimes pas ça?" alors je mange en boucle, mes voisin de chaque coté poussent réguliérement le riz dans mon coin du plat et Nafi, la petite soeur de Thiérno déchire des bouts de viande qu'elle jette de mon coté ou carrément dans ma main, au final je suis sûr que j'ai mangé le double d'eux!!
En fin de soirée, mes deux amis m'accompagnent à l'hotel que j'ai pris à 200 m de chez eux. J'ai décliné l'invitation à dormir parce qu'il y a beaucoup de famille qui vient dormir pour le baptéme de demain et aussi parce que j'ai besoin de ma ration de solitude quotidienne. Sur le chemin je dis à Thiérno que je suis trés content de l'avoir rencontré, il me réponds : "Et moi je voudrais te remercier de m'avoir accordé ta cofiance alors que tu ne me connaissait même pas." C'est le monde à l'envers, c'est lui qui me remercie!!
Je me couche en me répétant en boucle, "Oh putain!!" Quelle journée!

dimanche 17 janvier 2010

16 janvier

Dés le levé, c'est la course, je veux pas perdre de temps. Je dois faire des photocopies supplémentaires de mon passeport et aussi une fiche de sortie du territoire pour gagner du temps à la frontière ainsi qu'une bonne quinzaine de fiches d'identification pour la Mauritanie, un peu comme celles que m'a fait remplir le gars de la CTM hier.
Ce qui complique tout c'est que là où il y a une connexion internet il n'y a pas d'imprimante et là où il y a une imprimante, mon téléphone n'est pas reconnu par l'ordinateur, du coup je dois jongler aux quatre coins de la ville pour finir tout ça.
A midi je suis devant la grande allée à la recherche d'un taxi. Il ne se fait pas attendre longtemps.
Le conducteur me demande si je parle espagnol parce qu'il ne maitrise pas bien le français. Désolé, je parle la langue de Molière, un peu la langue de Shakespeare mais pas du tout celle de Las ketchup!
Dés que je suis installé il me demande si je suis pressé.
"euh...pas spécialement, pourquoi?"
"Parce que je dois amener un truc pour le nez à une dame" et il se bouche une narine avec le doigt et fait semblant de snifer.
"???... de la drogue?"
Il rigole : "non, c'est un truc que tout le monde fait depuis toujours ici, les vieux, les hommes, les femmes etc..."
Il me sort un nom incompréhensible que je n'avais jamais entendu avant et me dit que l'action d'aspirer c'est "cheum" (rien à voir avec un petit chevelu du Poet).
On fait donc un détour par une petite ruelle, il disparait deux minutes et revient avec trois sachets de poudre marronâtre qu'il me fait sentir. Mouais bof...
On rejoint un grand axe et il va donner les sachets à une femme assise sur le trottoir en plein soleil.
On part enfin pour le camping "Moussafir", ma destination.
D'après tout le monde je devrais y trouver sans problème quelqu'un pour me faire traverser la Mauritanie.
Sur la route, mon taxi, qui s'appelle Dahi, s'avére être trés sympathique. On discute tout le trajet, il faut dire que le camping se trouve en dehors de la ville à plus de 5 kilométres.
Il me dit que sa famille fait parti des sahraouis qui ont été contraints à l'éxode pendant la période de la guerre des sables. Son pére y est mort . Il est parti vivre 7 ans à Cuba (d'où la maitrise de l'espagnol) et est revenu à Dahkla en 2002.
Je me suis souvent retenu au cours de ce voyage mais là je le sens bien alors je me risque à lui demander ce qu'il pense de ce referendum qui approche et ce qu'il attend pour le Sahara occidental.
Lui, il estime que c'est le Maroc qui pourra au mieux aider les gens à vivre dans la dignité (ce sont ses mots). Il pense que les Sahouris qui demandent l'indépendance ne se rendent pas compte que le monde a beaucoup changé depuis les années soixante dix. Quand aux algériens, ils ne voient que leur intéret : récupérer les mines de phosphate et avoir un accés à l'atlantique.
Devant le camping, il me dit qu'il connait quelqu'un qui descend réguliérement à Nouakchott.
"Pour 600 DH, il t'emméne".
On échange nos coordonnées et je me dirige donc vers ce camping qui devrait m'ouvrir les portes de la Mauritanie!
Premiére désillusion : que c'est laid!!! Pas un arbre (vous me direz : on est dans le Sahara, mais quand même...) on dirait un parking de Leclerc désaffecté, rien que de passer à coté des sanitaires on comprends qu'on va pas s'y attarder et surtout : les gens!
Quand je suis passé devant l'ambassade Mauritanienne la deuxiéme fois, je les ai vus les baroudeurs, les aventuriers... C'est eux que je m'attendais à voir... Que nenni! Ici il n'y a que du retraité français en camping-car. Et c'est du touriste qui est bien ici : les hommes partent pêcher pendant que les femmes font la lessive : le paradis! J'ai l'impression d'être dans le camping de Frank dubosq!!!
Ne soyons pas comme ça, donnons-leur une chance, surtout ne pas avoir de préjugés.
Je décide de commencer par m'installer, aprés on verra...
Je profite qu'il y ait beaucoup de vent et qu'on soit encore en début d'aprés-midi pour vite faire une lessive et installer mon linge pour qu'il séche.
Cette bonne chose de faite, je sors cette p... de tente que je me trimballe depuis un mois!
C'est une tente... comment dire... trés légére, donc trés petite...en fait on dirait un cercueil vert fluo. Mais je rentre entier et mon sac avec moi, le seul hic c'est cet imprévu qui vient contrarier mes savants calculs : la guitare, ça passe mais franchement elle me bouffe beaucoup de place ( je propose un boycott massif de Bravofly, ah bravo fly, vraiment!!).
Là, je me dis que je vais tester tout ça. Je mets donc tout sur le coté et je m'allonge.
J'en profite pour enlever mon pantalon que je n'ai pas quitté depuis plus d'un mois (!!!). Ce pauvre pantalon a reçu de tout, du tajine, de la sauce piquante de chez Rica pizza, de la boue de Zagora, il a épongé les toilettes turcs de la moitié des hotels miteux du Maroc et il a même commencé sa carriére par un attentat au champagne perpétré sur le territoire Cévennol par un individu dont je ne donnerai que le prénom afin de préserver son anonymat : Mouloud.
Lorsque j'entends la premiére fois le Bzzzz, je ne comprends pas. Je me dis que c'est surement une mouche qui s'est coincée.
Lorsque j'entends la deuxiéme fois le Bzzzz, je ne comprends toujours pas, je me dis qu'il faut que je fasse sortir cette mouche (mais elle a une grosse voix quand même...).
Lorsque je l'entends pour la troisiéme fois... non non, je n'ai toujours pas compris. J'envoie la main derriére ma polaire pour la faire sortir.
Lorsque je me fais piquer, je n'ai toujours pas compris.
Mais lorsqu'un énorme bourdon sort de derriére ma polaire, là je comprends!
Je me retrouve dehors en une demi-seconde, le pantalon aux chevilles en train de crier comme la Castafiore! Je me reprends assez vite quand même et je fais sortir l'animal.
Tout à coup, la douleur se fait sentir, et là, la c... de sa m...!!!! J'ai pas pleuré, attention! je conserve un fond de dignité mais merde, j'ai l'avant-bras droit qui me lance terriblement. A ce moment, un frisson d'effroie me parcours l'échine : je n'ai toujours pas de Strepsil!!! Tant pis, je prends de l'Onctose que je m'étale abondamment sur la zone en question (j'ai bon là?).
Ensuite, je vais à la superbe boutique du camping et je prends de quoi grignoter.
Aprés ce délicieux repas (sardines, pain rond, vache qui rit) je me dis que pour la journée des premiéres fois, je dois me faire un café!!
Et j'entreprends donc d'allumer un petit feu devant ma tente afin de faire fonctionner ma petit cafetiére italienne.
On est a 200 métres de la mer, pas un arbre donc un vent terrible qui part dans tous les sens. je me décourage pas. Je m'obstine. Je tente toutes les orientations possibles, je pars chercher des brindilles, des pierres, je creuse de plus en plus profond. Je bataille comme ça une bonne heure.
Finalement, c'est la victoire, malgré le vent, j'allume un petit feu qui tient. A l'aide de ma casserole je trouve le bon angle pour que le vent n'éteigne pas la flamme et au contraire la ravive. J'ai vaincu le vent...mieux : je l'ai dompté!!
Teton bicquet : 1 / Wild : 0.
Je suis à l'avant du Titanic, les bras écartés et Céline Dion résonne à mes oreilles : je suis le roi du monde! Par contre je me suis tellement acharné à allumer le feu que j'ai oublié c'était quoi le projet! Ah, le café!
Je dispose ma cafetiére contre la casserole à l'aide d'une pierre et quelques minutes aprés, le précieux liquide apparait : joie, bonheur, saveur, pur arabica.
Il est 16h00, l'heure à laquelle j'avais dis à Dahi que je le rappellerai pour voir s'il avait trouvé quelqu'un pour la traversée. Jusque là, je ne comptais pas le rappeler parce que j'étais sûr de trouver au camping mais durant ma petite guerre du feu j'ai eu le temps d'entendre mes voisins discuter : leur humour et les propos racistes qu'il tiennent m'ont convaincu du contraire.
Mon portable ne trouve pas de réseaux. A l'accueil, on me dit qu'il n'y a pas de cabine ici, il faut aller en ville.
Bon, et bien c'est parti! Je m'engage donc sur la route qui me raméne à Dahkla, à plus de 5 kilométres.
Il est 16h40 quand je pars, 19h00 quand j'arrive.
Entre temps, j'ai téléphoné à Dahi d'une station essence. Je ne suis pas tombé sur lui, deux voix différentes qui me disent "possiblement demain, il faut rappeler demain à 15h00". Tout à coup, je le sens pas... J'hésites, je n'arrive pas à me décider si j'attends encore au camping un hypothétique compagnon de voyage, si je pars avec le contact de dahi ou si je me débrouille seul en grand taxi...
La nuit porte conseil, on verra demain!

NE RATEZ PAS LES PROCHAINES AVENTURES DE TETON DANS L'EPISODE INTITULE :


(mais pensez à éloigner les enfants...)

samedi 16 janvier 2010

15 janvier

A 7h30, on démarre.
Comme on part relativement tard, j'ai pu prendre une douche, c'est parfait avant d'entamer une looongue journée de bus.
On a prés de 600 bornes à faire.
Je passe le temps comme je peux, je commence à avoir l'habitude! Je dors un peu, mange quelques gâteaux, regarde le paysage, joue au solitaire, bouqinne et essaye d'écouter de la musique. "j'essaye" parce que pour mon plus grand malheur, la prise de mon casque a pris un choc et biensûr plus je la torture pour qu'elle marche...moins elle marche...
On fait quelques pauses bienvenues toutes les 2 heures à peu prés : un café bien chaud ici, un passage aux toilettes là!
L'un des deux chauffeurs vient me voir en début de trajet pour me demander de lui remplir 4 fiches pour la police. Malin le gars, au moins ça évite les prises de tête inutiles. A chaque arrêt, il tend directement la fiche avec mes nom, prenom, N° de passeport, profession, destination, but du voyage etc...
Juste devant, il y a un anglais trés sympathique d'une quarantaine d'années qui comme moi remplit ses 4 fiches. Lorsqu'elles sont posées à coté de lui, j'y jette un oeil indiscret et je vois qu'à profession il y a écrit : musicien, comme c'est original!
Bizarrement, on échange quelques sourires mais aucun des deux n'engage vraiment la conversation. J'ai l'impression qu'on est dans la même démarche, on est là pour rencontrer des gens du coin, pas des européens...
On fait une pause bouffe au milieu de nulle part. Il fait trés chaud et il y a toujours cette odeur de charogne (en fait, je sais pas ce que c'est exactement mais c'est insoutenable!) qui arrive par vagues réguliérement. Le seul menu offert est un tajine... Je mangerai plus tard...
On longe pratiquement tout le long le littoral, on ne s'éloigne pas de la mer à plus de 500 métres. Une plage qui fait facilement 500 km de long! L'eau est magnifique.
Mais c'est rien par rapport au spectacle qui m'attends quand on arrive sur le debut de la presqu'île : tout à coup la mer apparait sur notre gauche mais se confond avec le sable, il y a des dunes immenses qui apparaissent par-ci par-là. Vraiment grandiose! Le continent est visible au loin et dans ce décors incroyable, il y a des dizaines et des dizaines de petites voiles qui "flottent" comme des papillons entre terre/mer et ciel : Dahkla est un site trés prisé par les kite surfers!
On arrive enfin, il est 16h00.
Le même gars de la CTM (qui lui aussi est trés sympa et attentionné avec tout le monde) vient me voir dés que j'ai récupéré mon bagage. Il m'indique un hotel récent et pas cher un peu plus loin. "5 dirhams en taxi". Aprés une journée de bus, je préféres largement marcher!
En effet, l'hotel est flambant, quel bonheur d'arriver dans une chambre qui sent le neuf. Je jette un oeil aux draps : neufs! blancs! doux (pas de la toile Emery comme à Essaouira où à chaque fois qu'on se tourne on est brulé au troisiéme degrés!) et chose incroyable, pas un seul poil humain!! Aucun risque que je me réveille avec un poil non identifié entre les dents, je sens que je vais bien dormir!
Je ressors et entreprends d'aller sur le net... Mais j'avais oublié que j'étais au bout du bout du monde, la connexion est insupportable, au bout d'une heure j'arrive enfin à me connecter tant bien que mal (mais donc, impossible d'uploader des photos!).
Je sors pour enfin me remplir le ventre et m'engouffre un demi-poulet/frites d'anthologie (message à Mouloud : je les embrasse pas les volailles, je les maaaange!!).
La nuit est deja tombée quand je pars me balader en ville, ça à l'air pas mal, comme un peu toutes les villes du Maroc ça construit beaucoup mais ici il y a le petit plus : une belle "promenade des anglais".
On verra mieux demain mais ça m'a l'air pas mal du tout Dahkla.

Aujourd'hui, ça fait exactement un mois que je suis parti : un premier bilan s'impose.
1er motif de satisfaction : je n'ai RIEN perdu, pas même ma carte bleue ou mon pantalon...rien, nada, keuchi, walou!!!
2eme motif de satisfaction : je me suis presque pas perdu! bon, un peu c'est vrai mais jamais de façon dramatique!
Principal motif de satisfaction : Ma couture a tenu!!! Même sans glue! trop classe. Bon, mon sac se désagrége autour mais la couture elle, tiendra encore dix ans!

Et maintenant, détendons-nous un peu avec notre grand CONCOURS DE CHEVEUX!!!
A votre avis lequel a gagné??? Je vous rappelle que Victor a perdu au tour précédent car malheureusement il est aussi chauve que son pére!! Yoyo et kelly arriverons-t-ils à relever le défi?... suspense...

(Message à Liline : je suis sûr que c'est une photo presque comme celle de gauche que tu voulais mettre en ligne ;))






vendredi 15 janvier 2010

14 janvier

Pour la premiére fois depuis bien longtemps, je passe une trééés bonne nuit, ça fait du bien.
Aujourd'hui, rien de prévu, je compte prendre mon bus pour Dahkla demain, donc la journée est résevée à la visite de Laayoune.
Je me dirige directement vers le quartier administratif où nous étions passé hier avec mon ami slovéne (...) et je continue pour arriver dans la ville en contre-bas. Hier c'était des quartiers populaires voire pauvres, et bien là, c'est... exactement la même chose!
Je m'achéte des gateaux pour un prix imbattable et j'entreprends d'aller me caler sur un banc dans le petit parc en plein cagnard qui se trouve un peu plus loin. A peine me suis-je assis, qu'une odeur de charogne vient délicatement me chatouiller les narines. Donc, je range mes gateaux et je continue ma petite promenade.
En fait, je me ballade toute la journée comme ça. Mieux que tous les longs discours, les images parlent d'elles-mêmes...
...

Bon, j'ai pris plein de photos super belles mais, malheureusement la connection ici est trés trés trés trés trés mauvaise (je crois que c'est le compte exact de "trés" qui convient) donc pas de photos pour étayer le post d'aujourd'hui d'autant que je n'ai rien fait d'extraordinaire à part me balader (un peu comme d'habitude, en fait!). Et je n'ai trouvé aucun donjon à explorer, aucune princesse à délivrer, pas même un petit dragon... une journée décevante finalement...
Heureusement, demain c'est journée bus, youhouuuu!

jeudi 14 janvier 2010

13 janvier

A 5h30 le bus démarre. Mon coussin "tour de cou" fait des merveilles, j'arrive méme à m'endormir. Le paysage change imperceptiblement, le pourcentage rocaille/sable s'inverse peu à peu. Il y a de temps en temps de vraies belles dunes de sable fin. Des dromadaires qui semblent en liberté. La route est parfois en réfection ou en construction ce qui fait qu'on passe par des portions trés cahotiques sur quelques centaines de métres, du cross en bus c'est rigolo!
On arrive enfin à l'entrée de Laayoune. Comme à Tan tan, les policiers montent à bord et se dirigent directement vers moi et un slovéne un peu plus loin. Ils prennent nos passeports, ne demandent pas de photocopies et nous les rendent au bout de plusieurs longues minutes. Une fois de plus, la sensation de faire attendre tout le monde est désagréable mais bon, c'est comme ça! Le fait d'être les deux "exclus" nous rapproche fatalement, du coup on commence à bavarder. Il est arrivé au Maroc il y a deux jours, à Marakech. Il a pris presqu'immédiatement le bus pour Laayoune, ça fait 16h qu'il y est!! Motivé le gars! Il compte descendre comme moi à Dahkla mais il n'ira pas plus bas, il n'a que trois semaines au Maroc et pas de visa pour la Mauritanie.
Arrivés en ville, on part à la recherche d'un hotel pas cher qu'il a repéré sur son lonely planet. 
Je suis surpris pas Laayoune, j'avais pris l'habitude de villes basses et trés "horizontales". Là, c'est une trés grande ville, avec des batiments assez hauts, et construite sur un colline, du coup y'a beaucoup de relief. Il y a des magasins, des bars sympas etc... Une grande ville quoi, en plein desert.

Il y a aussi beaucoup de militaires, c'est ici que l'ONU a établi sa base pour préparer le référendum sur le sahara occidental qui doit avoir lieu bientôt.
Alors on part sous un soleil de plomb.
D'aprés son plan on doit prendre tout droit puis a gauche puis... En fait, on se perd lamentablement. Les gens ne connaissent même pas la rue que l'on cherche! Finalement, un flic nous envoie dans la bonne direction .
On continue, on marche, on marche...
Avec mon barda sur les épaules, j'en peux plus, pour arranger tout ça je suis en train de cramer de la figure .
On arrive dans le quartier administratif. On demande notre route à un gars trés sympa (peut-etre un peu trop...) qui nous dit que l'hotel en question est vraiment mais alors vraiment pourri, des bébétes et tout ça... Il est convaincant et au risque de passer encore pour une chochotte : je me sens pas les bébétes!
Il nous en indique un autre et insiste pour nous accompagner. "Je te préviens, je te file pas un dirham!". Il me regarde presque véxé : "moi, je fais ça pour rendre service, je veux juste me faire des amis! On est pas à marrakech ici! là-bas les gens ils se font payer pour un rien".
Bon, c'est dit, il veut rien. Là, il pourra plus me gratter quoique ce soit!
On arrive à l'hotel, il nous ouvre ostensiblement la porte et nous améne à l'accueil. Je prends ma chambre, le salue chaleureusement. Je dis aurevoir à mon pote slovéne (dont je ne connais pas le nom!) et je trace prendre une bonne douche. De ma chambre, j'entends Mohammed (notre "accompagnateur") qui discute avec la fille de l'accueil pendant un bon moment.
C'est pas à nous qu'il demande une commission, c'est à l'hotel.
Je pars me promener au pif en ville, je file directement vers les quartiers trés, mais alors trééés populaires. Je fais pas exprés, à chaque fois c'est là que je tombe en premier.
C'est une ville comme j'en ai vu plein, passé la surprise à mon arrivée, le reste n'offre pas un spectacle trés original. Je crois que je commence un peu à me lasser du Maroc... Certains endroits sont vraiment trés trés sales, et parfois l'odeur est insoutenable.
Je marche longtemps comme ça et subitement c'est le coup de barre, je retourne à l'hotel et je comâte quelques heures.
Le soir, je sors manger un bout. Il faisait trés chaud à midi, maintenant il fait trés froid. Je suis obligé de sortir une couverture pour dormir.
Oh miracle! pour la premiére fois depuis Marrakech je peux dormir dans les draps et non dans mon duvet : Ils sont propres!!

mercredi 13 janvier 2010

12 janvier

Dés le levé, je pars dans le sens opposé de mon arrivée histoire d'inspecter les environs. Je traverse la ville qui me rappelle un peu Zagora, un peu Agdz etc... bref, je suis re dans le sud. Aprés une petite demi-heure de marche et une discussion sympa avec un gars de Fés qui veut m'échanger ses ray-ban, je m'éloigne un peu des habitatons et me dirige vers une grande... colline? dune?... Je monte un petit moment au milieu de la rocaille et du sable pour avoir enfin un point de vue sur Tan tan et les environs.

En dehors de la ville c'est le désert à perte de vue! Je marche un bon moment histoire d'avoir la sensation d'être seul au monde et je m'installe pour contempler la vue. C'est vrai qu'on se laisse vite happer par le spectacle.
Je suis là depuis un petit moment quand je vois une silhouette au loin qui avance dans ma direction. C'est un garçon d'une dizaine d'années. Lorsqu'il est assez prêt pour que nos regards se croisent je lui dis bonjour, il hoche la tête et va s'assoir à cinq métres de moi. Il regarde l'horizon comme moi. Quand je sens qu'il me regarde je lui souris, il tourne la tête aussitôt. Au bout de quelques minutes, il se léve brusquement et d'un pas décidé vient me serrer la main. Cette fois, il s'assoit juste à coté de moi. On fixe l'horizon en silence...
Puis il sort des cartes de footballeurs et me les montre une par une. Sur l'une il me fait comprendre que le joueur me ressemble. Un autre a les cheveux un peu long alors il tire mes cheveux pour me dire qu'on a la même coupe. Pour savoir son prénom je suis obligé de lui faire à la tarzan : en me designant du doigt je dis "moi stephane et toi?" Il met un petit moment avant de comprendre et me dit "Saïd". Tout à coup il se tourne vers moi et me dit : "s'il vous plait, dessine-moi un mouton"! Euh... je me trompe d'histoire là... Non, c'est lui qui se lêves et qui va dessiner un rectangle dans le sable. Il le sépare en deux et écrit un 1 à gauche et un 2 à droite. Il me tends la moitié du tas de cartes et nous voila partis à jouer pendant plus d'une demi-heure, le but c'est d'envoyer une pierre dans l'un des deux rectangles, si on tombe sur le 1 on prends 1 carte à l'autre et si on tombe sur le deux?...Vous avez compris le principe je pense (peut-être que quelqu'un pourrait expliquer les rêgles à mouloud, je suis pas sûr qu'il ait tout saisi...).
Finalement, il est l'heure pour lui d'aller à l'école et il disparait comme il est venu.
Pour repartir, je fais une boucle par le nord, je traverse l'Oued (mon ami le Draa que j'ai retrouvé!) et je rejoins la ville par des quartiers trés populaires.
Tan tan n'est pas une ville touristique du tout, en général les gens s'arrétent 25 km plus loin en bord de mer à "El outia" connue aussi sous le nom évocateur de "Tan tan-plage". Donc là, quand je passe dans la rue, les gens me bloquent, une petite fille s'enfuit même en courant (!).
Je trouve une gargotte qui m'inspire, le gars me montre les deux marmittes qui mijotent : des fayots (la loubia) et un genre de ragoût de tripes. Banco! Je me régale mais je prends soin à ne surtout pas jeter le moindre regard au rebord de l'assiette ou à la cuillére qu'il m'améne, je veux pas savoir!
Je me casse le ventre, d'autant que quand je sors il fait trés chaud... blurp!
Je m'installe à un café et je bouquine.
Le reste de la journée est tranquille : guitare, ballades, thé à la menthe, un peu comme d'habitude quoi, sacrée vie d'aventure! De toute façon, quand je vais voir les horaires des bus pour Laayoune je me dis que je vais devoir le prendre cool et me coucher tôt : J'ai le choix entre 3h, 4h ou 5 h...

mardi 12 janvier 2010

11 janvier

Mon réveil était calé sur 8h pétantes. A 9h j'ouvre un oeil...ah bon? Bah, je me lave tel le chat (interdit que je mettes un pied dans la douche commune de cet hotel!) et je sors pour me renseigner sur les bus vers Tan tan au bureau de la CTM qui semble être à coté selon ma carte. En descendant je croise mon ami le patron de l'hotel qui n'a pas changé d'un iotas, même coupe, même pull, même mine énergique...
Lorsque je trouve le bureau en question le gars m'annonce trois départs aujourd'hui, cool!
Le premier est à 10h (il est 9h35), le deuxiéme à 20h et le troisiéme à 22h! merde merde merde, il me précise que pour partir à 10h ça va faire juste parceque la gare routiére est de l'autre coté de la ville... Re-merde merde merde... Je dois me décider... Dans son dernier message Coco me précise que le seul quartier un peu sympa est justement celui où je me trouve...mmm, si le reste d'Agadir est pire, je n'ai aucune envie de passer ma journée à glander ici, surtout pour partir en soirée et arriver en pleine nuit à Tan tan ou au petit matin.
Tant pis, je tente le coup.
Le gars me file mon billet, je descends toute la rue en courant jusqu'à l'hotel. je demande ma clef à mon cher ami. Il me réponds "9h30" euh... d'accords, mais je veux la clef de ma chambre "c'est la combien deja?"... Je monte les escaliers quatre à quatre, je chope mes affaires, je descends les escaliers huit à huit, je lance les clefs sur le comptoir, je me jettes dans le premier taxi qui passe, je lui mets la pression pour qu'il vole jusqu'à la gare : à 9h50, mes bagages sont enregistrés et je bois un café devant l'emplacement où arrivera mon bus, trop la classe!
Lorsque je monte, on m'attrape ma guitare au vol (grrrrrrrrr), ce sont deux jeunes qui descendent sur Dahkla. Finalement ils sont trés sympas, ils m'invitent à venir dormir dans l'hotel où ils travaillent puisque je dois passer là-bas. "C'est un 4 étoiles!" Ah non, je pense pas, non!
Le trajet est long et chiant, plus de 6 heures. Par bonheur je n'ai personne à coté, du coup je peux m'étaler et ne pas avoir la guitare entre mes jambes, un luxe! Malheureusement, le gars derriére moi a une toux incroyablement répugnante, la tuberculose ou un truc du genre, même mon ami patrick (c'est le nom du dromadaire d'Essaouira, puisque quelqu'un demandait son petit nom) ne sortait pas des bruits aussi repoussants. Je pense qu'un Strepsil s'impose... De toute façon j'en ai pas et puis je veux pas me tourner vers lui des fois qu'il éternue à ce moment-là ou même qu'il me parle (au moindre postillon qui me frôle je fais une crise d'hystérie). Au bout d'une bonne heure, on l'entend plus, soit il dort soit...En tout cas, je suis tranquille, c'est bien ça le principal!
Tout au long du trajet, le desert se profile lentement, d'abord entrecoupé de cutltures et de villes. Ensuite, il n'y a plus que lui. Pour l'instant c'est un desert caillouteux bien que certaines collines soient recouvertes de sable. Certains paysages sont à couper le souffle, je me régale!



On passe donc entre les deux sculptures de dromadaires qui nous accueillent à l'entrée de la Ville.
Quelques mêtres plus loin, un barrage de police nous stoppe. Moi j'avais pris l'habitude qu'ils laissent passer les bus de la CTM, cette fois ce n'est pas le cas. Un policier monte à bord, il vient droit sur moi et me demande mon passeport. Je lui donne. "Vous venez d'où? Vous allez où? Votre profession? Vous venez ici pourquoi?" Bref, je me fais presque interroger sur place, là devant tout le monde, pour un simple délit de "sale gueule". Sensation trés désagréable. Je me mets à la place de certains, en France qui subissent la même chose et je relativise. Il part au fond du bus et recommence la même chose avec un espagnol. En sortant du bus il me demande si j'ai une photocopie de mon passeport (merde! je pensai que ça commencerait plus au sud!). Je lui dit que j'en ai mais dans mon sac en soute. Il ne cache pas son agacement et descend.
Et on attend, on attend...
Ca fait six heures qu'on est dans ce bus et on reste bloqué à l'entrée de la ville à cause de deux touristes. je commence à sentir que les gens s'impatientent.
Re-sensation trés désagréable.
Le flic remonte, un passeport à la main, il le rend directement à l'espagnol et il redescend.
Et on attend, on attend...Là c'est que pour moi...
Tout à coup, le bus redémarre. J'ai pas mon passeport!!! Je n'ose pas une nouvelle fois arréter tout le monde donc je commence à me faire un bon plan stress : dés qu'on s'arréte je recupére mon sac, je chope un taxi, je retourne à l'entrée de la ville et s'ils ne sont plus là, je file à la gendarmerie royale la plus proche!
On traverse toute la ville, ça me parait interminable... Lorsqu'on s'arréte enfin, je me précipite à l'avant. Là, le chauffeur me tend mon passeport avec un grand sourire.
pffffff!! je me détends instantanément, je lui dis que je commençais à sérieusement me poser des questions, il me tape sur l'épaule en souriant et me dit : "y'a pas de probléme!" Enfin, moi j'ai eu un probléme pendant un petit moment quand même...
je file à l'hotel que j'avais repéré, entiérement moquetté, ça a l'avantage d'éviter à la femme de ménage de passer la piéce dans les couloirs et les chambres...je crois que je suis au paradis des acariens!
Une douche bien méritée et un peu de surf plus tard, je pars manger dans Tan tan. Dans le routard ils disent que cette ville présente peu d'interét.
Ma foi, ils disaient un peu la même chose à propos d'Agdz donc maintenant je suis mon instinct. Et mon instinct me dit que je me sens bien ici. On verra...

lundi 11 janvier 2010

10 janvier

Levé à 8 heures je descends pour voir si mon ami Saïd est réveillé et peut me mettre l'eau chaude afin que je prenne une douche bien méritée aprés une nuit un peu difficile...je vous vois venir... mais non, pas de flamenco cette nuit, c'est surtout le sommier qui tient avec 2 planches par ci, rien par là qui m'a vrillé de dos!
J'ai mon bus à 14h30, donc d'ici là, je tue le temps, un café, quelques gateaux, internet... Bref, la folle matinée. A 14h je suis obligé de dire à Saïd qu'il faut finir, il ne s'arretait plus, il voulait toujours en mettre plus, c'est vrai que ça demande à être encore peaufiné mais on verra une autre fois. Voici la version presque terminée:


Sitôt arrivé à la gare routiére je fais enregistrer mes bagages, je m'achete du pain et je mange là, juste devant le chariot où est posé mon sac, comme ça : 1.je le perds pas de vue et 2.je trouve mon bus sans probleme, parcequ'ici c'est quand même un joyeux bordel!
Je suis donc assis tranquille en train de manger et de contempler l'animation autour de moi. Sirotant ma boisson officielle au maroc : un fanta citron!
Tout-à-coup je jettes un oeil distrait derriére moi, une vague de chaleur m'envahit instantanément : le chariot n'est plus là!! Comment?... mais... pourquoi?...
Je prends ma guitare, mon sac, ma bouffe, ma boisson, tout en vrac et je pars comme un malade, je me fraye un chemin au milieu des gens, des valises, des chariots, des bus, des ânes etc... quand je vois au loin mon sac en train de se faire jeter dans une soute!! Ouf...
Je monte tranquille et m'installe au fond, j'ai toute la banquette pour moi. Il régne dans ce bus une odeur de pieds comme je n'en avais plus senti depuis une dizaine d'années, à Pelissanne... M'en fous, je suis plus à ça prêt, je finis mon repas, je suis un warrior!
La route pour aller à Agadir est trés belle, même si la ville n'est pas à la hauteur, le trajet vaut à lui seul le déplacement.

Un coup de taxi et je me retrouve devant l'hotel "de la baie" mmm... tout un programme...
Une fois dedans j'ai compris que je vais pas passer 2 nuits ici, c'est bien glauquasse. Il y a deux femmes devant moi qui attendent, le gerant est en pleine priére. Une fois la priére finie, il met 5 minutes à rouler son tapis et s'installer dans sa cage en verre. Le temps qu'il s'occupe d'elles est interminable... finalement, c'est enfin mon tour. Il doit avoir une soixantaine d'années, les cheveux ébouriffés et la mine de quelqu'un qui n'a pas dormi depuis six mois. En plus, il traine les pieds et commence toutes ses phrases par une longue expiration de lassitude. Je lui donne mon passeport, il me tend la clef. Quand je redescend il est assis dans l'entrée, le passeport ouvert devant lui et la fiche vide posée à coté, il est appuyé contre le mur l'air épuisé. Il me tend le stylo et me dit : "tu veux pas la remplir toi? parcequ'avec le plastique, la lumiére...pfffffff..."
Je sors manger un bout, juste en face il y a un resto-snack qui retransmet le premier match de la coupe d'afrique, yes!!! trop cool. Je m'installe. Au bout de cinq minutes ils changent de chaîne et mettent un match du real...ah? faut dire que le Maroc n'est pas qualifié et puis Chistiano Ronaldo est une vraie star ici, on le voit partout (un peu comme ailleurs en fait...). Dommage, j'apprendrai plus tard que le scénario du match Angola/Mali a été dingue : 4 à 0 pour l'Angola à 10 minutes de la fin, score final : 4 à 4!!!
Quand je reviens à l'hotel, le patron est à la même place que là où je l'ai laissé mais il dort, le menton sur la poitrine. je suis obligé de repeter 3 fois "bonsoir" avant qu'il léve les yeux et m'accueille d'un pfffffff...
Aprés je teste ma guitare pendant 2 bonnes heures, ça va Saïd ne la pas cassé, elle marche toujours!

MARAHBABEK JULES!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Des tonnes de bisous à Laurie et Gérald, directement du Sahara vers le Larzac!!

dimanche 10 janvier 2010

9 janvier

Parcequ'on est samedi et parceque j'ai grave économisé ces derniers jours, j'ai décidé qu'aujourd'hui ce serait journée touriste!
Mais avant ça j'ai une mission à confier à Saïd : je veux qu'il décore ma guitare. Il est plus qu'enthousiaste, du coup on passe l'heure suivante à faire des tests de peinture, malheureusement avec le vernis c'est pas possible et quand on ponce c'est le bois qui absorbe trop la peinture. Le probléme c'est que je compte partir dés demain vers le sud. Du coup, on doit faire avec les moyens du bord. La solution c'est de coller des dessins faits sur papier et de vernir par dessus, pour trouver le vernis et le passer on verra plus tard. On se met d'accord sur quelques motifs et je le laisse bosser.
Aprés un bon café noir, je me dirige vers la CTM pour me renseigner sur les départs vers Tantan. J'en peux plus d'attendre et je veux du soleil!!!
A peine entré dans l'enceinte de la gare routiére, je me fais assaillir une fois de plus par les rabatteurs. Je me mets en position Clint Eastwood, les yeux mi-clos, impassible, genre "on me la fait pas".
Bon, je dois retravailler l'Eastwoodade parceque ça marche pas des masses. Un gars vient vers moi et là il a cette inspiration rare : il me demande si je suis "français? espagnol?"... Selon comment ils sont placés c'est impossible de les ignorer, donc je reponds mais je continue mon chemin. Il me demande où je vais et là je sais pas pourquoi, le café peut-être pas assez fort ou la nuit trop courte, toujours est-il que je commets l'erreur de débutant de lui dire "tan tan"... Je m'en veux encore...
Donc là c'est un boulevard pour lui, c'est lui qui va gérer... pas question! Arrivé à l'intérieur je l'ignore totalement et je file vers les toilettes, juste histoire de disparaitre.
Quand je ressors non seulement il est toujours là , non seulement il est devant le guichet, non seulement il m'interpelle mais en plus y'en a un autre qui fait pareil! Quand je suis à leur portée il me monte un envie de distribution d'uppercuts presque irrpressible, je regarde le menton de celui qui est le plus prêt de moi et je m'imagine vraiment écraser mon poing dessus...
Je me reprends quand même et j'utilise tout mon stock de "plein le c..." pour leur dire dans les yeux avec toute la conviction possible : "les gars, j'ai pas besoin de vous, je me débrouille tout seul. Merci, mais aurevoir!" Le premier comprend et s'en va mais le second, le nouveau, lui il en a rien à foutre...
Rien d'autre à faire que de l'ignorer, mais c'est dur... quand je pose une question il essaye de l'anticiper pour la finir avant moi, exactement comme monsieur Dutilleul. Quand le guichetier répond il fait pareil, du coup il parle par dessus et j'ai du mal à comprendre. Je commence à avoir vraiment une envie de meurtre.
Je repars en me disant que je reviendrai plus tard dans la journée armé d'un peu plus de patience...
Je retourne en ville, au passage je vais jeter un oeil à ce que fait Saïd. Quand je monte il est train d'apprécier son travail de loin à la maniére d'un peintre, pas le pouce levé mais presque. Il n'en est qu'à l'ébauche mais ça part bien. Ca me fait plaisir de le voir prendre ce travail tellement à coeur!
Ensuite je file vers le port, le ciel est magnifique, je me cale à une terrasse en plein cagnard et je commande une salade marocaine (journée touriste, c'était prévu!). En fin de compte, je dois avouer que c'est une ville trés jolie mais c'est le genre de visite qui se fait à deux ou en famille, ça correspond moins à mon mode de voyage actuel.

 
 
 

Il est temps pour moi de prendre une grande inspiration et de retourner à la CTM.
Là, pas d'arrangement, je calcule personne et je fais ma tête de "born to be wild" (c'est un cran au dessus du Clint). Je rentre sans regarder sur les cotés et je vais direct au guichet. En un quart d'heure c'est réglé, seul hic, le premier bus partira demain (dimanche!) à 14h30. Comme je me sens pas d'arriver dans la nuit à Tantan, je passerai une nuit à Agadir... On m'en a tant dit du mal que je suis curieux de voir à quel point c'est pourri!
Le reste de l'aprés-midi passe doucement, toujours rythmé par les thés à la menthe malheureusement, pas de guitare aujourd'hui elle est récquisitionnée...
Ce soir je veux vraiment me faire plaisir, je veux me manger un bon couscous! J'ai remarqué un resto pas loin de l'hotel qui en plus fait venir des musiciens.
A 20 heures je suis installé dans une grande salle de restaurant trés belle, et un peu chic en fait. Des pierres, des arcades, des voilures etc... Je commande mon couscous et, luxe absolu, un demi-litre de vin rouge de la région de Meknés. Premier goutte d'alcool depuis mon arrivée au Maroc. Je me vois pas mais je suis persuadé d'avoir pris quelques couleurs, d'autant que le couscous étant un peu fade à mon gout je demande du "qui pique". On m'apporte une purée de piment citronnée excellente!! Et tant pis si plus tard je danse le flamenco sur la cuvette, ce soir c'est la fête.
Le premier duo de musiciens est formé d'un bassiste traditionnel, c'est-à-dire un peu le principe de la contre-bassine, on joue à la fois en déplaçant la main et en appuyant sur l'une des deux cordes pour atteindre la note. L'autre musicien joue des "castagnettes" (il faudra que je me renseigne sur les noms des instruments quand même...). Lui il chante et danse et se balade entre les tables. Arrivé à la table d'en face, un gars lui donne un billet. Merde... faut payer?... En bon crochu qui se respecte, à chaque fois qu'il vient vers moi je regarde ailleurs ou je lis l'étiquette de mon vin...pffff maudit français!
Le second groupe, composé également de 2 musiciens s'installe. Un violon et un bontempi.... aie aie aie... Le violon est noyé dans une reverb à la "Peter et Sloane" et le bontempi et bin, tient ses promesses quoi...
Je suis trés heureux d'avoir pris un demi-litre de pinard, d'autant qu'ils attaquent leur répertoire par du enrico Macias... Deux verres cul-sec pour la peine! Ils en viennent à faire des chansons traditionelles et comme à chaque fois que je suis un peu bourré, je suis à fond sur ce qu'ils jouent!! AAAh, les ravages de l'alcool...
Finalement, j'ai bien mangé, bien bu mais ce soir il manquait sérieusement une petite présence rouge et verte sur la chaise d'en face... Je pense pas que je referai des soirées resto, du moins pas avant les 3 prochaines semaines!