Bon, vous l'aurez compris, j'ai du mal à rattraper le retard pris sur le blog. Forcément, plus il se passe de choses, moins j'ai de temps pour aller sur internet... Donc pour résumer :
23 janvier :
Je me sens pas de squatter la maison alors que Thiérno et Omar ne sont plus là, pourtant il a insisté pour que je fasse comme avant... Je compte bien y retourner mais dans la soirée.
Je passe des heures sur internet pour préparer la suite de mon voyage, je dois me rendre à Bamako et j'hésites à aller à Dakar pour prendre le train direct ou à passer par le nord, une région trés belle au bord du fleuve Sénégal, en avançant par étapes.
Au passage, je suis obligé de rendre hommage à Mouloud qui s'est pris la tête pour me trouver un guide sur le net (et oui, mon passage au Sénégal n'étant pas prévu, je n'ai pas de routard...) et donc, pour le remercier je me suis engagé à changer la musique de ce blog... J'espére que vous apprécierez la nouvelle!
Je passe la journée à me ballader en ville. Et aprés avoir acheté plein de fruits et deux énormes poissons 10 fois leur prix, je retourne à la "maison".
Là, on m'accueille avec des sourires, il y a des personnes que je ne connaissais pas, un cousin, un oncle qui dort dans un coin etc...
On mange comme d'habitude dans de grands plats. Ensuite, c'est thés et discussions. L'ambiance est tombée d'un cran, beaucoup sont deja repartis.
Baaba sort un carnet, un stylo. l'oncle que je ne connaissais pas va chercher un numero, ils discutent un moment. Finalement, Baaba me dit :
"Stephane, ça c'est le numero de Thierno Sall, c'est le frére de Thiérno Sambau ton ami. Il est à Dakar, quand tu arrives tu l'appelles et il s'occupera de toi"
Bon, j'avais décidé de passer par le nord le long du fleuve mais l'attention est tellement gentille que je me sens pas de décliner. Donc, ce sera Dakar dés lundi!
24 janvier
J'ai une journée à tuer, je prends mon temps, je fais des lessives, j'achéte enfin un portable débloqué (je devais le faire depuis Marrakech). Je contactes Thiérno Sall à Dakar et vers 19h je retourne à la maison.
Là c'est carrément tristou, j'ai raté les départs de Baaba, Fatouba, leur tante etc... En fait, il ne reste plus que Nafi, Adia et Oumar.
On regarde la série qui fait un tabac ici : "Vaidehi". Difficile de se retenir de rire, les doublages ont été faits pas les nuls c'est sûr!! et le montage!!! Bon, je me retiens, ils sont tous les trois à fond...
A la fin de Prison break je décide d'aller me coucher, demain j'ai de la route, mes affaires à préparer...
On se dit aurevoir, Adia puis Nafi me posent la même question : "tu ne nous oubliera pas hein?"
ooooh non!
25 26 et 27 janvier
A 8h30, je suis dans le taxi brousse en direction de Dakar. Toujours la même promiscuité, la chaleur, les siéges qui fracassent mes pauvres fesses. On arrive vers 13h00.
Je compte contacter Thiérno Sall aprés avoir pris mon billet de train, histoire de pas être totalement assisté. Je descends à la station des pompiers. La fille qui était dans la voiture me dit que je dois prendre un taxi pour aller à la gare. A peine ai-je mis mon sac sur les épaules qu'un gars me propose de m'emmener. Je lui répéte 3 fois "tu es taxi? je veux aller à la gare des trains". A chaque fois il répond "oui oui!".
M'ouaif, en tout cas on marche beaucoup, entre les taxis, les voitures, les vendeurs de toutes sortes. "Tu es taxi? tu es sûr?? on va à ta voiture là?" "oui oui, la gare pour Bamako". je le suis, ma foi, j'ai rien à perdre... On arrive dans une petite boutique où les tarifs "dakar/kirida", "dakar/bamako" etc. sont affichés. C'est carrément moins cher que tout ce que j'avais vu. Le gars me confirme que c'est bien le train. je lui demande sa carte, je regarde le ticket, ça a l'air sérieux donc je prends. Prochain départ : ce soir à 22h. temps estimé : 24h de trajet. Bon, sur le routard ils disent "pour les aventuriers de l'impossible". M'en fous ch'uis un déglingo, j'ai peur de rien! En fait, je me sens pas de squatter chez Thiérno que je ne connais pas et j'ai envie d'arréter de bouger pendant quelques temps comme ça je me consacre sur l'arrivée imminente de Cécile, dimanche!!! :))))
Le premier taxi qui passe refuse de m'emmener à Keur masar. Ah? serait-ce loin?
Le deuxiéme ne veut pas descendre en dessous de 10000 Fcfa! Et lui non? j'ai payé 5000 pour venir de Saint-louis... Pas moyen, il veut pas faire moins et s'en va!...
Le troisiéme commence à 10000 lui aussi, je commence à me dire que ce doit être le prix, donc je fais descendre à 8000, pas moyen d'aller plus bas. Mais quand même, j'ai la présence d'esprit de regarder l'argent qu'il me reste... 7250 Fcfa... Il rale mais finalement accepte de m'emmener. Une fois qu'on est parti je lui demande : "C'est le prix pour les blancs que tu m'a fait là!" Il éclate de rire. Ok, au moins c'est clair!
Bon, c'est vrai que c'est loin quand même, on ressort de Dakar, on se tape des bouchons pas possible. Dés qu'on s'arréte y'a des nuées de vendeurs de tout et n'importe quoi qui nous assaillent. je décline tout le long, je me sens pas d'ignorer les gens. Quand un gamin insiste je lui dit : "je peux pas il m'a tout pris lui!" en montrant le chauffeur. Un peu plus loin, il achéte deux paquets de biscuits et m'en tend un.
Keur Masar est à quelques kilométres avant la ville, on dirait une petite bourgade grouillante comme partout ici. Il est 14h/14h30, il fait une chaleur terrible. J'appelle Thiérno qui me dit qu'il sera là dans 5 minutes. En fait, j'y vais juste pour le saluer puisque je repars dans la soirée. J'hésite à aller retirer avant qu'il n'arrive, je viens juste de repérer un distributeur, et puis je laisse tomber, je vais pas le faire attendre non plus.
il arrive en taxi et on part en taxi jusque chez lui. Merde, j'ai plus un radi!! Je m'excuse, il me dit qu'il n'y a pas de probléme... je me sens mal quand même!
Sa maison n'a rien à voir avec celle de Saint-Louis. Ici, c'est un appart dans un petit batiment de 5 étages, dans une petite cité à l'écart, il n'y a aucune route, aucun trottoir. Il y a 2 femmes, un homme et plusieurs gamins. Une belle télé, quelques meubles, c'est pas pareil. Par contre l'accueil lui est le même, on me sert un thé, on m'apporte à manger, on discute un peu; Ensuite Thiérno me propose de m'allonger un peu, il m'accompagnera au "bus" dans la soirée. Et oui, c'est bien le bus que je prends... J'avais des doutes et bien c'est confirmé! c'est pas plus mal, le trajet annoncé est plus court et je me dit que les conditions seront peut-étre meilleures...que je suis naïf!
On prends un petit bus, puis un taxi. Je lui dit à chaque fois qu'il faut vraiment que je retire, et à chaque fois la même réponse : "il n'y a pas de probléme" C'est gentil mais que je me sens mal!!
En plus, je n'ai rien acheté pour le voyage, il me reste qu'un fond de fanta (à l'orange en plus, l'arnaque!) et quelques biscuits!
On arrive au lieu de rendez-vous à 20h00. Thiérno a l'air investi d'une mission et rien d'autre ne compte, il gére à fond, il doit me faire partir entier et dans les meilleures conditions possibles vers Bamako. il négocie les prix des bagages, vérifie qu'ils sont bien embarqués, demande où il y a un distributeur. Malheureusement le gars de la compagnie lui dit que c'est trop loin, je n'aurais pas le temps d'y aller avant qu'on parte! merdeuuuu! Thiérno ne se démonte pas, il charge le jeune du bus qui va nous accompagner de m'aider à trouver un distributeur sur la route.
Dans la foule qui attends, je repére d'entrée un toubab au milieu. Sabine, à Marrakech m'avait dit qu'il y avait une rêgle qui voulait que quand il y a deux blancs au milieu des noirs ils s'attirent comme deux aimants. J'avais échappé à cette régle jusqu'à présent mais là au bout de 10 minutes il vient engager la conversation.
Il est allemand, il habite à Pragues et est ici en "commande" pour une radio, il est journaliste. Sa conversation est trés agréable, il me présente un sénégalais qu'il vient de rencontrer qui a vécu 30 ans a bamako, il est DJ dans une radio et couturier à Dakar.
Une grosse heure plus tard, il est temps de partir, Thiérno m'explique comment ça se passe :
"Ils vont faire l'appel par ordre chronologique d'achat des billets. Les premiers prennent les meilleures places." Moi, j'ai pris mon billet en début d'aprés-midi et j'ai vu des gnes prendre le leur juste maintenant donc je suis confiant.
Il ajoute : "Le principal c'est que tu sois sur les cotés sinon au mileu tu va étre trés dérangé"... au milieu?...
L'appel commence et ...continue, continue... Mon nom arrive dans les cinq derniers! Je comprends ce qu'il voulait dire une fois monté. Toutes les places sont prises, il faut que je m'installe sur un petit strapontin dans le couloir.
Le car est à bloc, il y à même trop de gens, ils ont vendu plus de tickets que de places (je dois m'estimer heureux?...). Un des "recalés" fait un vrai scandale, il gueule comme un malade et on le sent bien vouloir en venir aux mains, vu comme il est taillé, tout le monde est trés diplomate avec lui!
On arrive enfin à partir, il est 11h.
Premiére impression : je vais pas tenir 36 heures comme ça, c'est pas possible!! Et oui, Pape (le DJ / couturier) qui a souvent fait le trajet nous a dit qu'il fallait compter plutôt 36 heures!
Probléme numero 1 : mon siége est penché vers la droite, j'ai mal au cul au bout de 5 minutes!
Probléme numero 2 : je ne peux pas appuyer ma tête, le siége est trop bas, comment on dort dans ces cas-là?
Probléme numero 3 : on est trés serrés de chaque coté!!
Probléme numero 4 : je n'ai pas d'eau!!! pas une goutte et il fait chaud, le sol chauffe en plus!
Je rêgle le premier probléme en compensant la "pente" avec ma polaire, c'est deja ça.
Les autres problémes deviennent de plus en plus dramatiques au fur et à mesure que le temps passe. Mon coussin "tour de cou" ne peut rien pour moi, il faut que je m'appuie, j'ai mal!
Le temps passe trés lentement, à chaque fois que je m'endors, ma tête tombe en avant et je me réveille en sursaut à cause de la douleur.
Finalement, vers 3 ou 4 h du matin, je tente de me mettre par terre dans le tout petit espace qu'il y a entre mon strapontin et celui de devant, je suis à genou, le cul en l'air, les bras sur le siége et la tête écrasée à la verticale contre le dossier. M'en fous, au moins je peux détendre tous mes muscles en même temps pendant quelques heures...
Tout à coup je suis réveillé par un enorme sac qui me tombe sur la nuque! Je tente de le remettre en place mais il est vraiment trop gros.je suis obligé de réveiller la moitié du bus pour savoir à qui il appartient et lui donner, c'est pas à moi de me faire c... avec ça. Il appartient à un jeune devant sur la droite. Mon voisin de devant essaye de mettre le sac en place : pas possible. Le voisin du propriétaire essaye : pas possible. le propriétaire essaye et lui bien sûr il le fait tenir par miracle, à l'arrache.
Je lui dit qu'il va retomber, d'enlever un truc dedans et de le caler mieux. Il m'écoute pas ou ne comprends pas... grrrr .
Bien entendu je me fais re réveiller par le sac sur ma nuque une demi-heure plus tard! Je te me lui balance à la gueule son sac!! Il s'écrase la tête contre la vitre et finalement le mets à ses pieds, le lourd!!!
J'essaye de ne pas penser à la soif qui commence à sérieusement me tenailler.
J'ai dû faire plein de mini siestes parceque le jour arrive assez vite en fin de compte. Je reprends vite une position décente avant que mes voisins ne se réveillent et j'attends avec impatience l'arrêt du petit déjeuner où je pourrais retirer et boire, boire, boire...
La ville prévue pour l'arrêt est Tamba, on y passe sans même freiner, je vois les distributeurs défiler! Tout le monde s'énerve, les deux vieux à coté de moi crient sur le chauffeur qu'il faut sarréter! Il les regarde dans son retro, impassible et continue sa route.
On roule encore une bonne heure avant le prochain arrêt.
Les gens descendent pour pisser, moi j'ai pas envie, j'ai soif!
Il n'y a rien c'est un village de cases en terre, pas l'ombre d'un distributeur; de toute façon l'arrêt dure pas plus de 15 minutes.
On repart, la chaleur du jour vient nous rappeler qu'elle est bien pire que celle de la nuit! Vers 11h on s'arréte à la frontiére, on laisse nos passeports et nos cartes d'identité et le jeune que Thiérno avait chargé de me trouver un distributeur vient me chercher. Enfin!!
On arrive à la banque. Là on me dit que c'est pas possible, mais de l'autre coté de la frontiére ce sera bon.
Le temps de recupérer toutes les piéces d'identités, de monter dans le bus et on passe au Mali. On traverse la ville d'une traite, on passe devant les banques et on va s'arréter au poste de douane Malien situé deux bons kilométres plus loin.
On dépose nos piéces d'identité et le jeune revient me chercher, là je peux pas y aller à pieds, donc on attends que quelqu'un passe et veuille bien m'emmener. Au bout de cinq minutes, un scooter m'embarque moyennant 500 Fcfa pour la course, payables biensur lorsque j'aurai retiré. Le petit trajet sur le deux-roues est quand même bien venu, un peu d'air!
Une fois de plus, on me dit qu'il est impossible de retirer! J'en peux plus, j'ai soif!! De retour au poste de douane je demande s'il y a un robinet quelque part "ah non monsieur, il n'y a pas d'eau ici, il faut l'acheter!"
Je regarde les gens boire avec envie, j'ose pas demander et puis tant pis pour moi, j'assume! Au prochain arrêt ce sera bon!
2 heures plus tard on s'arréte et là je suis dans un état proche de la déshydratation avancée. N'en pouvant plus je demande à Michael (l'allemand) de me prêter 1000 Fcfa. Je me jettes sur la premiére boisson fraiche que je trouve : du fanta ! Je revis même s'il est encore à l'orange!!!
On arrive à kayes en milieu d'aprés-midi, le jeune vient à nouveau me chercher, on prend un taxi qui nous emméne de l'autre coté de la ville, et là enfin je peux retirer!
C'est ici aussi qu'on change de bus. Plus de strapontins!! je me cale au fond parceque l'écart avec le siége avant est plus grand et je peux prendre ma guitare sans qu'elle me géne trop.
J'arrive à dormir un peu.
Faire tant d'heures de bus, ça crée des liens, je connais la moitié des gens qui sont là, on échange à manger, on discute... je peux pas faire le portrait de tout le monde, il y en a trop... Le jeune avec son gros sac vient de Gambie pour aller jusqu'en Angola, il est gentil comme tout finalement. Les deux vieux à coté ont vécu 30 et 40 ans en France, l'un à Vannes l'autre en région parisienne, la fille à coté de moi part à Bamako pour la premiére fois avec sa soeur, un gars vient de charger sa moto Ténérife sur le toit, il a fait 5 jours de moto pratiquement sans s'arréter, il est épuisé. L'ambiance est vraiment trés sympa, je me sens bien!
Thiérno m'avait mis en garde avant de me laisser partir "il y a plein de voleurs, sois prudent" Je suis parti sur mes gardes, là il n'y a plus de soucis!
On arrive à bamako à 3h30 du matin. Plus tôt que prévu mais carrément trop tôt pour aller à l'hotel. Donc on s'installe avec Michael au bureau des bus et on attend. on sort la guitare, on joue, on nous sert des thés, c'est cool la vie quand même!
A 8h, aprés le petit dejeuner on s'installe dans le dortoir du "foyer des soeurs blanches" (bon elles sont noires les soeurs, mais habillées en blanc). Je me prends une douche salvatrice et je m'allonge juste quelques minutes, hitoire de décompresser... je me réveille 4 heures plus tard la tête dans l'c...
Je pars dans bamako un peu au pif, je mange dans un resto minuscule en taule ondulée, il y fait 70 degrés et la bouffe est franchement pas top, mais je suis à fond : je suis à Bamako!!!!!!
Je retrouve Michael le soir, on va se faire une bouffe au resto en face du foyer. Tenu par des français, clientéle française, espagnole,allemande... le repas est bon... la musique c'est du reggae, les maliens qui débarquent c'est des rastas, bref, on est à Zion, tout le monde est hy-pra cool! On s'attarde pas, c'est bon, à marseille y'en a partout des coins comme ça et puis il est bientôt 22 heures, c'est l'heure du couvre-feu on risque de se faire disputer par les bonnes soeurs!