A 6h30 je passe chez Lossi et Cyrille (ils partagent la même chambre) pour qu'on aille ensemble retirer mon billet pour Ouahigouya (Burkina Faso). Ils ont insisté pour que je passe, j'avais peur de les réveiller mais quand j'arrive ils sont lavés , habillés et il n'attendent que moi.
J'ai la mauvaise surprise de voir que je suis le premier à m'inscrire sur la liste des passagers ce qui veut dire que l'attente va être longue voire qu'on annulera si le quota n'est pas atteint...
On attend une grosse heure sur le banc devant le minibus (un gros van aménagé en fait) sans que personne ne se pointe... Lossi va retrouver ses collégues pour faire quelques réglages sur "son" bus et moi et Cyrille on va se faire un bon petit déj au maquis du coin. Ils sont forts pour faire le café au lait ici, c'est délicieux, le dosage parfait!
On passe le temps à discuter de tout et de rien. Avec un peu d'emphase Cyrille me dit : "tiens, voici une photo de ma fille!!"
Je suis trés surpris, je ne m'y attendais pas du tout, et il est tout jeune en plus!! Il me dit qu'il attendait pour me l'annoncer, il est trés trés fier. Pour résumer, il est amoureux d'une fille à peine plus agée que lui, étudiante dans le secrétariat qui vit à Sévaré. Ses parents ont cherché à la marier 2 fois deja à des cousins plus vieux mais elle a à chaque fois refusé pour Cyrille. Alors ils ont fait cet enfant pour calmer les parents une fois pour toutes! "mais ça risque de pas durer, ils vont peut-être vouloir la marier quand même!"
Il me présente son oncle qui a une entreprise de soudure : Djibril qui veut qu'on l'appelle Gabriel désormais comme l'ange ! Cyrille me dit que lui aussi il hésite, il ne sait pas s'il veut être musulman ou chrétien.
"En ce moment je suis plus tenté par l'Islam mais je change tout le temps d'avis. Mon frére est bouddhiste, il m'a montré mais j'aime pas du tout!!"
Dans l'entreprise de Gabriel, ils font des chaises, refont des piéces de voiture etc... j'ai droit à une petite visite de la "salle des machines" (un groupe électrogéne et des dizaines de batteries).
Ensuite on rejoint Lossi et on attend à coté pendant qu'ils bossent tous comme des malades.
Je dis à Cyrille que Lossi a vraiment une vie difficile, il me répond que son probléme c'est qu'il n'est jamais allé sur les bancs, il ne pourra pas trouver un bon travail...
A 13h Lossi me dit comme ça : "on va manger"
On se léve et on va chez son patron pour manger dans un grand plat tous ensemble exactement comme chez Thiérno. A part que là c'est pas la famille mais tous les gens du bus, je les reconnais tous! Ils ont l'amabilité de me passer une cuiller quand même. Et biensûr, le mot d'ordre c'est de me faire manger plus que tout le monde, comme d'hab!! "Stephane!" "oui?" "mange!"
Contre toute attente, on vient me chercher pour prendre le minibus, ça y est le quota est atteint, j'y croyais plus!!!
Aprés s'être platement excusés auprés du gars des minibus parce qu'on est partis manger alors qu'on avait dit qu'on attendait à la gare des grands bus, je m'installe.
Dans les grands bus il faut arriver en premier pour prendre les meilleures places, dans les minibus non il ne faut pas... je le savais pas... parce qu'en fait, les premiers qui montent vont au fond, là où il n'y a pas de porte pour sortir en cas d'urgence et où il faut attendre que tout le monde soit descendu pour pouvoir prendre l'air!! M'en fous, je force comme un âne, aidé de Lossi de l'extérieur pour ouvrir un peu la fenêtre!
Lorsqu'on démarre, Lossi, qui a les larmes aux yeux me dit presqu'en m'enguelant :"Quand tu arrives à Lomé tu me le dis et tu est trés prudent hein??!" "Quand on commence à s'éloigner il me crie : "ne m'oublie pas!!!"
Le voyage est... épique. La chaleur, la poussiére, la promiscuité, il faut dire qu'on est 28 dans le van entassés et serrés comme des sardines. Et comme on a encore de la place on prend une femme en plus au passage.
Les arrêts sont fréquents, pas pour faire une pause mais pour changer la roue, taper sur la carrosserie pour la redresser, remettre les bagages en place (il y a le double de notre hauteur en bagages sur le toit) et puis les postes de police et le passage de la douane (qui dure au moins une heure).
Lorsque la nuit est tombée, on aperçoit derriére un colline les lumiéres d'une ville, surement Ouahigouya. Tout-à-coup on s'arrête, tout le monde descend, on file un gerrikan à un des jeunes du bus et il part en vélo vers la ville.
Heureusement on est vraiment pas loin et on arrive peu de temps aprés (à peine une heure!).
Il était temps, je commençais une fois de plus a me déshydrater sérieusement!
mardi 23 février 2010
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